Studio Electrophonique – Buxton Palace Hotel.

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Il y a des disques qui sonnent comme des évidences dès les premières mesures. Des disques comme des apparitions bienveillantes, des ombres chinoises délicatement voilées sur les murs de notre enfance jamais renoncée.

Il y a des chansons comme des confidences immédiatement amicales, familières, des caresses pour nos âmes égarées. Des chansons comme des traces infimes de vie dans nos cœurs enruinés.

Il y a des morceaux qui infusent dans nos veines entaillées et viennent se lover dans nos chairs bercées par une joyeuse mélancolie automnale. Des morceaux solubles dans nos émois, dans nos troubles.

Il y a des accords comme des aubes ravisées, comme les premières lumières timides reflétées par des mers opalines. Des accords comme des échos égarés dans le dédale de nos vies échappées.

Il y a des paroles comme des souvenirs de renoncules éparpillées sur les draps immaculés de nos nuits blanches et vulnérables. Des mots purs comme des mantras adolescents murmurés sous des lunes fissurées, comme autant de tentatives de reprendre contact avec la réalité.

Il y des musiques pour habiller nos insomnuits, confier nos doutes et nos hésitations. Comme des mises à nu. Des musiques comme des amours maternelles. Infinies et intimes à la fois. Fragiles et immortelles.

Oui, quand tout fout le camp, il y a encore des disques comme des petits miracles, des épiphanies humbles et pourtant essentielles. Des preuves d’humanité.

Alors qu’autour de nous tout n’est plus que colère, fracas, tonnerre, bruit permanent, invectives, certitudes assénées haut et fort, le disque de Studio Electrophonique ressemble à un acte de résistance presqu’insensé. Une résistance à la folie qui s’empare d’un monde à la dérive.

Six morceaux seulement, juste assez pour étancher notre soif de frissons et éviter le titre de trop. Six morceaux chuchotés par un artisan à la classe folle et terriblement touchante. Six morceaux composés avec soin et interprétés avec une économie de moyens tellement rafraichissante. Moins mais mieux comme ils disent. Six morceaux déjà gravés dans le marbre fragile de nos peaux fatiguées. Six morceaux de chevet comme un recommencement.

Buxton Palace Hotel, est bien plus qu’un disque.

La rumeur romantique d’un fol espoir.

La promesse d’une renaissance à venir.


© Matthieu Dufour


Un disque Violette Records