A suivre – Léopoldine HH – Mini cédé (EP).

Leopoldine HH


Finalement j’ai bien fait de prendre du retard avec cette chronique (on s’arrange avec sa conscience comme on peut). Cela fait des nombreuses semaines déjà que la facétieuse Léopoldine HH a frappé à la e-vitre de Pop, Cultures & Cie, et que je vis avec ses chansons iconoclastes. Mais l’univers loufoque (burlesque, foldingue, barré, …) de l’Alsacienne se marie finalement particulièrement bien avec cette étrange période des fêtes de fin d’année : mélange de lumières vives et de pensées parfois plus sombres, jours courts et contrastés, ces heures denses jusqu’à l’excès, cette période de montées euphoriques et de descentes de spleen, quand les mémoires et les rires de l’enfance, les années d’insouciance et de liberté se confrontent à la réalité plus crue et nerveuse d’un monde d’adultes speedés luttant contre leurs pairs dans des rayons gavés de jouets chinois en plastique ou célébrant à l’envie les plaisirs de l’ivresse. L’ivresse c’est un peu ce que l’on ressent à l’écoute prolongée des 3 titres de son « Mini cédé » : l’ivresse et le vertige, des profondeurs et des sommets, le grand huit de sa voix de virtuose donne le tournis et c’est plus qu’agréable une fois passée l’onde de choc. Comme une Heidi sous amphètes imposant une chanson française fière et joyeuse à nos alpages urbains, à la fois chanteuse et un peu comédienne sur les bords, Léopoldine HH a du cran, des idées et une sacrée voix qui embarque et configure à elle seule un univers singulier où elle malaxe les figures tutélaires dans son alambic telle un bouilleur de cru musical. Elle peut faire penser à toutes les chanteuses à qui l’on a pu attribuer quelques grains de folie mais les confronte au théâtre de ses propres bizarreries notamment à travers des textes poétiques (C’est l’amour qui m’a faite de Prévert par exemple est un régal, et pourtant je ne suis pas fan de l’auteur – euphémisme – mais là « je suis née toute nue » dans la bouche de la jeune fille c’est franchement bon). Imaginez Björk ou Brigitte Fontaine dans une opérette bosniaque, Nina Hagen dans Sésame Street, Catherine Ringer ou Jacques Higelin au cabaret, il manquera encore probablement quelque chose, comme des influences sonores plus lointaines, plus exotiques. Fille de la balle musicale, grande interprète, Léopoldine HH a ça dans le sang, ça se sent. Et ça promet. Un genre de sapin de Noël plein décorations et de lumières devant lequel même les grands s’extasient, un Christmas pudding plein de surprises mais pour une fois digeste. Frais et singulier. Probablement un peu dingue, mais vu l’ambiance générale ce n’est pas négligeable.

A suivre donc avec des yeux qui pétillent et des oreilles qui frétillent.

Joyeux Noël.


© Matthieu Dufour


Publicité