All That Matters – Olivier Libaux Feat. Mélanie Pain & Raphaël Chassin.


Retrouver sur un même projet le compositeur et guitariste Olivier Libaux (Les Objets, Nouvelle Vague), la chanteuse Mélanie Pain et le batteur Raphaël Chassin (Julien Doré, Vanessa Paradis) n’a rien de surprenant. Les trois artistes arpentent les scènes du monde entier et hantent les studios parisiens depuis longtemps, ensemble ou séparément, à la recherche du plaisir unique que procure la musique quand elle est communion. Nouvelle Vague, Uncovered Queens of the Stone Age, Imbécile, … : cela fait bientôt vingt ans qu’Olivier convie régulièrement ses deux complices à venir nourrir ses compositions inspirées et ses reprises léchées de leurs talents respectifs. Aussi, quand il décide de faire un album à partir de covers inédites, il pense immédiatement à eux pour ce nouveau side project. Pas question de renoncer aux autres, pas plus que de créer un nouveau Nouvelle Vague. Ce qui importe c’est ce désir commun de retrouver le plaisir instinctif et l’inspiration spontanée des débuts. Et une envie viscérale de sobriété au milieu du brouhaha ambiant et la folie d’un monde qui en veut toujours plus.

Guitare/voix, quelques percussions et instruments additionnels, jamais rien de superflu. Juste ce qu’il faut pour débarrasser les chansons originales de leurs oripeaux punks ou new wave. Des chansons qui partagent une même temporalité puisque de Kraftwerk (épatant The Model) aux Stranglers (Duchess), de Police (l’hypersensible The Bed’s Too Big Without You) à Gary Numan (une version à l’os de Cars), en passant par le Psycho Killer des Talking Head (interprété par Élodie Frégé qui chante également la seconde reprise des Stranglers, No More Heroes), sept des huit titres repris sont sortis entre 1977 et 1979 (le Satisfaction étant une reprise de Devo reprenant les Stones). Seul Rebel Yell (Billy Idol) arrive des 80’s. Huit titres donc, encadrés par deux compositions originales, deux perles à haut potentiel émotionnel. L’entêtant All That Matters, qui lance l’album. Et Prends ma main qui le clôture, sublime balade gorgée d’émotion, portée par une mélodie à fleur de peau et le chant de Marion Grébert, plein de retenue et de douceur. Un titre dont le texte ancre définitivement le disque dans son époque.

Quand Olivier nous a brusquement quittés en septembre dernier, All That Matters était déjà bien avancé. Passé le choc, Mélanie et Raphaël, décident donc de le terminer. Embarqués dans un improbable dialogue avec l’au-delà, ils peaufinent, complètent et habillent les démos enregistrées sur le dictaphone d’Olivier. Parfois, ils l’imaginent insistant pour garder la première prise, ou au contraire, décidant de rajouter un clavier convaincu par une de leurs idées. Le tout dans l’humble respect des morceaux et portés par cette confiance mutuelle qui les habitait à chaque fois qu’ils faisaient de la musique ensemble.

Voilà surement pourquoi All That Matters forme un disque touchant et cohérent, lumineux et bienveillant (comme le suggère le superbe artwork de Pascal Blua).  Comme une invitation à des lendemains qui chanteront encore longtemps. Comme une évidence.

Et c’est tout ce qui compte.


© Matthieu Dufour


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