À Quoi Ça Rime ? Jeanne Morisseau.
Je suis très content de publier aujourd’hui la contribution de Jeanne Morisseau dont vous découvrirez la bio sous son texte ainsi que des liens vers son travail. Une réponse en poésie comme il se doit pour celle qui a notamment chanté Rimbaud et Patrice de la Tour du Pin…
La poésie se meurt
La poésie se meurt si tu ne vis en elle
Imagine l’oiseau qui n’aurait plus ses ailes
La mésange enrouée qui ne peut plus chanter
Rien qu’à cette pensée, j’ai la gorge nouée
Qui parle de dormir avec cette énergie
Qui fait battre mon cœur si fort dans ce lit ?
Tous mes voisins l’entendent ; ils ne sont pas si sourds
Si aveugles qu’on pense à ces coups de l’amour
Pour cette dernière chance, il faut de la patience
Respecter l’autre rythme, ce largo de cadence
Ordonne de ralentir, de lâcher le crayon
De calmer le désir pour celle qui dit : « Créons ! »
Au risque de souffrir, son mot, c’est : « Libérons !
Toute la matière vive ». Donnons-lui le téton
Le lait de la matrice au grand sein de la Mère
En bleu l’impératrice de ses rêves chimères
Tuons cet égoïsme qu’elle confond souvent
Avec de l’altruisme au cœur du firmament
Arrêtez-la, vous dis-je ! Car elle demande grâce
Et la grâce répand ses mots tant elle est lasse
Elle dit l’épuisement, elle dit : « Finissons-en ! »
Puis accélère encore, il n’y a que l’avant
Dans cette course folle, aucune marche arrière
Elle est comme un pur-sang qui n’a plus de barrières
Car elle ne connaît pas le repos du guerrier
Elle l’appelle encore dans un dernier baiser
La poésie se meurt, mais non elle vit en elle
La poésie renaît qui fait pousser ses ailes !
Tes ailes…
Ô tes ailes !
© Jeanne Morisseau
Jeanne Morisseau, auteur-chanteuse-compositrice, est avant tout une poétesse. Ses mots constituent sa force première. Et que de cordes à son arc si l’on se penche sur son oeuvre ! Mais, Orphée lui a susurré des mots à l’oreille. Elle a recueilli. Elle a restitué. Cependant, que de projets majestueux encore dans l’ombre. Deux publications poétiques prévues en 2015. Tout reste à découvrir, comme on dévoile un trésor, et cette poétesse qui s’est ruinée pour l’or d’un mot n’a qu’un désir : Etre à demain pour en finir avec aujourd’hui. « La poésie se meurt » est un poème issu d’un cycle : « Chansons partisanes ». Elle exprime l’éreintement du poète face à « l’obligation » qu’il a d’écrire, une vocation qui le perd et qui le fait trouver son amour en même temps. Chimère au vent ? Probablement.
Vous pouvez retrouver Jeanne, son travail, ses amis, ses coups de coeur ici :
www.pascalejeannemorisseau.com