Live Report – Acetate Zéro + Summer – Le Pop In (juin 2016).
On pense ce qu’on veut du Pop In, ce n’est probablement pas la salle la plus glamour de Paris, ni la sono le plus fine du moment, nos souvenirs y sont autant alcoolisés que mélodieux, mais parfois l’alchimie entre cette sombre enclave et un groupe, une musique vaut le déplacement. Même les plus claustrophobes d’entre nous (dont je fais partie) doivent oublier leurs réticences pour s’aventurer dans ce réduit caché au bout de ce petit escalier dont la descente une pinte à la main (et après en avoir descendu quelques autres) peut s’avérer « tricky » comme disent les anglais. C’était le cas pour le retour d’Acetate Zéro sur scène après quelques années sans concerts.
Musique à l’évidence intègre et exigeante, à coups de riffs tendus qui s’étendent, prennent leur temps, envahissent l’espace, bande son idéale pour fin de soirée entre deux eaux, chaque membre du groupe semble parfois s’isoler dans son propre temps musical avant de croiser, de rejoindre comme par magie la trajectoire de ses voisins, visions cinématographiques de cieux qui s’assombrissent mais ne craquent pas et au milieu de la brume comme une éclaircie, la voix d’Elsa qui teinte de pop ces mélodies libres, à la fois arides et luxuriantes. Des échos de vieilles compiles de Sarah Records, les yeux dans le vague, envie de reprendre la clope et de retenir la nuit. C’était si bon.
Le Pop In, cadre idéal également pour la musique sombre et coupante de Summer. Le groupe parisien enchaine ses morceaux comme on expulse ses colères, ses doutes, ses envies. Jean, chanteur curtisien est au sommet de son art, plus charismatique et possédé que jamais. Il (c)hante la violence d’un monde en phase terminale. Ses deux acolytes Louima et Baptiste se déchainent et maltraitent leurs cordes avec violence et passion. L’ensemble est bruitiste, dark, et pourtant sensuel. C’est intense, habité et sans concession. Comme sur un ring face à un adversaire bien trop puissant, la salle encaisse les coups, vacille mais ne tombe pas. En attendant le KO.
Bientôt minuit, retour à l’air de la rue, tels des zombies sonnés les derniers survivants de la soirée se retrouvent sur le trottoir pour tirer sur une clope, avaler une dernière pinte, dans leurs yeux des éclairs et des visions. Les mots ne sont pas nécessaires.
La nuit n’est pas finie.
Elle ne finira peut-être plus jamais.
© Matthieu Dufour
Et Marnitude c’était comment ?
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Je ne sais pas je n’ai vu… Désolé.
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Vous écrivez vraiment très bien. J’aime beaucoup vous lire.
N’arrêtez pas surtout.
Véronique
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Merci…
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