Live report – Nuit du FAIR : une fin pas très fair, ni très fine – La Cigale (15 octobre 2014).
Le MaMa démarrait donc aujourd’hui. Rendez-vous parisien des professionnels de la musique il propose trois jours de conférences, rencontres internationales et concerts bien sûr. Ce soir, à La Cigale, le MaMa accueillait le FAIR (Fond d’Action et d’Initiative Rock, un dispositif qui a pour but « le soutien et l’aide au démarrage de carrières d’artistes ou de groupes musicaux domiciliés en France ») pour une soirée appelée la nuit du FAIR avec un plateau plutôt attractif : Mina Tindle, Chassol, Cascadeur et Rocky. Perso, j’étais venu essentiellement pour le génial Chassol dont le « Indiamore » m’obsède et m’envoute complètement, et le groupe Lillois Rocky dont le groove est totalement irrésistible, à mi-chemin entre la house de Chicago, le rock New-Yorkais et la pop de Manchester, avec une chanteuse à tomber par terre et un EP qui n’a jamais cessé de tourner sur mes platines.
La soirée, très bien lancée par une Mina Tindle terriblement énergique, se déroulait selon les plans avec de vrais bons moments de live, pas forcément évident pour des artistes à qui l’on impose un format court. Devant un parterre de conférenciers badge autour du cou et pinte en plastique à la main, les artistes (d’anciens bénéficiaires du fameux FAIR) enchainaient ainsi leur set chacun dans leur style, et les pauses permettaient aux conférenciers polyglottes d’aller se rafraichir à la buvette.
Chassol et son génial batteur Lawrence Clais nous emmenaient loin, très loin, géographiquement (Inde, Antilles, …) mais aussi musicalement avec un duo d’enfer qui, chose suffisamment rare pour le signaler, met la batterie au premier plan face aux pianos/claviers pour un dialogue à mille à l’heure. Énergie folle, musicalité terrible, tension, originalité, talent, bref un grand moment avec quelques montées à couper le souffle. Changement de style avec un Cascadeur évidemment casqué, déchainé et entouré d’un groupe déguisé en Fantômas (enfin genre…) qui tentait de soulever une foule acquise à sa cause, mais un peu mollassonne quand il s’agissait de s’agiter et de remuer, en prenant des risques avec des interprétations qui frôlaient de temps en temps l’hystérie bruitiste ou industrielle. Singulier, parfois éloigné de l’album mais franchement pas mal du tout. Quand enfin débarquaient sur scène mes chouchous, la radieuse Inès Kokou et ses potes visiblement remontés comme des coucous et bien décidés à transformer La Cigale en dancefloor torride et moite. Avec une poignée de chansons tubesques (« Chase The Cool », « Just Away », …) faites aussi bien pour les clubs que pour la scène, le charisme solaire de la chanteuse à la voix renversante et l’énergie live du groupe ce n’était pas trop compliqué. Tout se passait bien donc jusqu’à ce que…
Inès annonce un peu dépitée qu’on leur a demandé de raccourcir le set, des problèmes de voisinage paraît-il. OK, pourquoi pas, ce n’est pas la première fois même si ce doit être carrément désagréable. En même temps si on sait que cela pose problème et qu’on ne peut pas faire tenir quatre artistes dans une soirée et bien on peut par exemple ne prévoir que trois sets : c’est plus simple et moins pénible pour ceux que l’on coupe. En même temps je ne suis pas organisateur de soirées ou de concerts, donc il y a sûrement un truc qui m’échappe. Ceci étant, la suppression d’un morceau n’était rien à côté de la fin de la prestation des Rocky quand je-ne-sais-qui décida de fermer brutalement le lourd rideau rouge de la salle sur le groupe qui eut à peine le temps de saluer un public plutôt interloqué. Un groupe visiblement (et à juste titre) surpris et quelque peu agacé par ce geste d’une violence folle, le rideau entrainant accessoirement au passage à terre micros et claviers. Franchement ça pouvait peut-être attendre encore quelques minutes. Dommage car la soirée était réussie et méritait une autre fin.
Mais l’industrie musicale se porte tellement bien que cela ne doit pas être trop grave de manquer de respect aux artistes et au public. Bref, je suppose que la plupart des participants au MaMa s’en foutent royalement, mais sincèrement c’était plus que limite. Pas très fair la fin de la nuit du FAIR.
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