Non-live report – St Lô – La Flèche d’Or (19 novembre 2014).
Ceci n’est pas vraiment un live report.
Ce n’est pas vraiment un live report car ce n’est pas vraiment un concert auquel le public de la Flèche d’Or a assisté mercredi soir. Une séance de transe groove collective, un rituel vaudou chargé en sensualité brûlante, une rave électro hip hop bouillante, un happening poétique beatnik sous amphètes, une séance de thérapie par le blues primal, bref un objet live non identifié. Comme un rêve, une hallucination. Déjà sacrément impressionnante sur disque (voir la critique sur ce blog de leur album Room 415 à lire ici : groove de combat), la musique du quatuor St Lô se transforme en matière incandescente en live, comme une boule de feu incontrôlable et pourtant parfaitement maitrisée qui enflamme une salle en un rien.
Ce n’est pas un live report car je n’ai absolument pas fait attention à l’ordre des titres, je n’ai pas beaucoup de détails à l’esprit tellement c’est la sensation d’ensemble qui domine, cette sensation d’avoir passé plusieurs heures à en prendre plein la tête avec un plaisir total. A peine le temps d’apprécier quelques nouveaux titres et St Lô embarque un public qui n’attend que ça avec de sacrées interprétations de Legendary ou du tubesque Flight & Fantasy par exemple. Le jour de la naissance de Mezz Walidah, la personne qui est chargée de répartir le charisme entre les différents nouveaux nés de la planète devait être sacrément défoncée car elle a visiblement tout concentré sur cette poétesse – chanteuse – prêtresse – performeuse – show woman. Sa présence est totalement hallucinante, quelque part entre l’énergie des stars légendaires du funk et de la soul et l’intensité expressive des danseurs japonais de Sankai Juku. Possédée, habitée mais aussi terriblement généreuse et tournée vers la salle. Un truc mystique qui désarme. Bête de scène est probablement un peu juste tant il n’est pas question que d’énergie mais aussi d’aura, de mystère, d’emprise hypnotique.
Mais ses complices de scène ne sont pas en reste et impressionnent par leur énergie, leur agilité, leur rapidité d’exécution et cette capacité à rendre leur musique encore plus abrasive, plus dense, plus affolante. A chaque instant on se dit qu’ils ne vont pas pouvoir monter plus haut, que les plombs vont sauter, que la chanteuse ne va pas suivre, qu’ils vont tomber. Mais non, ça monte encore et les spectateurs possédés agitent leur corps en cadence. Le moment le plus attendu est probablement In The Pines, la cover sous acides de Leadbelly. Quintessence de l’art du groupe, ce morceau est une véritable tuerie qui met la salle dans un état extatique dont il est difficile de redescendre. Renversant. La salle est transformée en club dévasté par la lame de fond de ce blues électro d’un nouveau genre. La Flèche d’Or changée en hauts-fourneaux où les genres, les émotions, les désirs sont fondus dans un magma de plaisir musical intense qui électrise les chairs, chavire les âmes et bouleverse les sens.
J’avais beau avoir été prévenu, c’est bluffant.
Alors non, ce n’est pas un live report, disons la tentative probablement vaine de retranscrire cet intense fusion addictive entre un groupe d’alchimistes en totale liberté, en totale maitrise et un public réceptif et demandeur de cette énergie bienfaisante.
Together.
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