Chronique – St Lô – Room 415.

tumblr_n1poydafgq1rmzhyqo1_500_0Désolé d’être trivial mais « Room 415 » de St Lô est une bonne grosse claque. Franche et violente. Salutaire. De celles qui réveillent et remettent sur pied. Le truc qui empêche de végéter, ramollir ou se laisser aller. Qui donne envie d’oublier ses hésitations, d’enfiler sa tenue de combat et de remonter au front bien décidé à montrer au monde entier ce que l’on vaut. Un truc à convaincre les plus velléitaires de s’y mettre.

8 titres balancés comme 8 grenades à fragmentation qui dispersent dans l’air anesthésié d’une époque rabougrie et apeurée les éclats acérés d’une musique bastonneuse, accrocheuse, mais extrêmement mélodieuse. Un groove d’assaut haut de gamme, un groove de combat, de gala, un genre de blues enflammé qui n’arrive pas à choisir entre hip hop hanté et électro sexy. Et c’est tant mieux. L’impression de trainer sans appréhension aucune un soir tard au milieu des flammes sur des docks pourtant pas toujours très bien famés, ou d’errer dans des hangars non moins rassurants à la recherche d’une fête clandestine, d’une dose de beats survitaminés, d’une expérience sensorielle forte, d’une sensation forte.

Ce qui frappe en premier, au sens propre c’est évidemment cette voix, forte, singulière et poignante, uppercut au menton, direct du droit en plein dans l’estomac. « My Bottle » nous explose en pleine face et ne nous laisse aucune chance de nous échapper. Pas trop le temps de respirer car si « Flight & Fantasy » semble apaiser un peu le propos tirant le groove du côté de la pop, une pop sexuée, sensuelle et pleine de sève, c’est pour mieux nous reprendre à la volée à la moindre montée de voix de la chanteuse Mezz Walidah. Pour une fois le terme « charismatique » n’est pas exagéré. « Legendary » et « Reach » lui permettent de faire étalage des nuances de sa voix de diva totalement habitée et emballante, entre caresses sensuelles et chaudes, griffures et morsures électriques et vénéneuses. A ses côtés, ses trois complices embusqués dégoupillent une partition nerveuse, maitrisée et solide. On fire. Semblables à des alchimistes, le commando franco-américain opère une fusion des genres ensorcelante. « In The Pines » démarre tout en tension rentrée, avant de nous embarquer dans une montée hypnotique et en boucle vers une illumination extatique et renversante. Si « Down Fall The Last Star » calme le jeu, « Sweat Back », hip hop énervé dans la meilleure tradition du genre vient nous rappeler qu’il ne faut pas mollir, ne rien céder et y retourner, sans cesse. Un « Hero » tout aussi enragé mais un poil rigolard et moqueur vient clore ce disque brûlant comme la chair qui vient d’exulter. 30 minutes seulement. Mais 30 minutes denses et profondes. Épuisant, intense, jouissif. Épatant, euphorisant.

Une bonne grosse claque comme je le disais en démarrant.

© matthieu dufour

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