Bantam Lyons – Chronique, interview, live report.

J’avais coché la case Bantam Lyons dans mon programme Trans 2014 sur la foi d’un EP (I Want To Be Peter Crouch) enthousiasmant et plutôt impressionnant de maturité pour ce jeune groupe Breton installé à Nantes. L’envie donc de voir ce que pouvait donner en live ce style singulier et d’échanger quelques mots avec la bande.

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L’EP

Seulement trois titres, un gros quart d’heure immersif, un véritable univers de vallées et de cols, de recoins sombres, peuplé de fantômes et de nuances. Trois morceaux portés très haut par un When Lips Turn Purple diabolique et fascinant. Hanté par une voix d’ailleurs, qui enchaine mélopées plaintives et explosions d’énergie brute et presque solaire, des guitares sombres, crades mais agiles, des claviers héroïques et une basse lourde, le titre phare de cet EP est tendu à souhait et ne vous lâche pas. Un genre d’épopée nocturne à travers les brumes poisseuses de vos tourments alcoolisés, grand huit bruitiste et pourtant très mélodieux. Un tube quoi. Façon noise-pop. Mais imparable. À sa suite, Gang illustre le talent et la capacité du groupe à jouer sur des registres plus nuancés, façon ballade élégante et dense, et Dawns ouvre une nouvelle perspective : des rais de lumière au bout du tunnel, une éclaircie à l’orée de la forêt, un hymne presque léger, comme quand on se relève à l’aube, le sourire aux lèvres après une nuit à avoir gouté l’asphalte et ses vapeurs d’un peu trop près. En trois titres, Bantam Lyons arrive à conjuguer maitrise et énergie sur une palette de sons variés qui vous laissent dans un état second, un entre deux de sensations qui vont de la brûlure d’alcool pur à la sueur froide d’une nuit qui part en vrille, en passant par la caresse d’un matin de printemps sur la côte.

L’INTERVIEW

Comment on se sent à trois heures de monter sur la scène des Trans ?

Pour le moment ça va mais je pense que dans les cinq minutes qui précèderont la pression va monter et on va psychoter un peu mais ça va aller…

Vous êtes plutôt scène ou studio ?

On est carrément plutôt scène, on adore ça avec une préférence pour les petites salles et les ambiances confinées ;

C’était quoi les Trans avant pour vous ?

Un week-end de grosse java essentiellement… Après musicalement c’est toujours intéressant mais finalement on trouvait plus notre compte dans ce qui se passait dans Bar en Trans qu’au Parc des expos. Une belle programmation, une ambiance moins « fête foraine », plus sympa, enfin pour nous.

Vous avez trainé un peu dans les salles déjà ?

Un peu oui, il y a du monde, c’est sympa. On est allés au Parc hier mais on n’est pas restés très longtemps…

Comment vous vous êtes retrouvés ici ?

Grâce à Jean-Michel Dupas, le programmateur du Stéréolux à Nantes qui nous a fait jouer au festival Indigènes et nous a soutenu pour venir ici. Ça s’est concrétisé avec un concert à Rennes à La Paillote avec les Slowsliders devant Jean-Louis Brossard.

Vous jouez ensemble depuis combien de temps ?

Un an et demi en gros, on a fait notre premier concert en mai 2013 au Melody Maker ici à Rennes.

Vous étiez encore tous éparpillés sur la région ?

Oui à Rennes, Nantes, Brest. On se démerdait comme on pouvait pour répéter. Sam travaillait à Nantes, une fois nos études terminées on s’est tous retrouvés là-bas.

L’accueil du EP est plutôt bon, ça vous met la pression ?

Non pas forcément, on s’en rend pas trop compte en fait, on fait notre truc, on a des retours qui nous font dire que ce que l’on fait n’est pas trop pourri mais ça ne nous empêche pas d’avancer. En plus il y a toujours un décalage entre ce que les gens écoutent sur internet et ce qu’on fait en live. Honnêtement l’EP sonne bien mais pas toujours comme on voudrait. Tu verras en live, l’esprit est le même mais le son nettement plus brut.

La suite ?

Un disque et puis on aimerait tourner au maximum. On voudrait enregistrer quelques titres fin décembre, enfin c’est ce qui est prévu au planning, pour sortir courant avril et après enchainer sur une mini-tournée Nord de la France, Belgique, Allemagne, Suisse, et revenir par le Sud. Alors on cherche un label, on a un tourneur qui a préparé le terrain et on espère avoir de bons contacts ici. L’exposition est forte.

Vous avez des goûts, des influences communes ?

On est tous plutôt rock indé mais chacun papillonne un peu où il veut. The Walkmen peut-être et puis on a tous écouté Radiohead à un moment ou un autre.

Vous allez voir quoi aux Trans ?

On aimerait aller voir Sapin, un groupe de garage rennais, Courtney Barnett, les Coréens (Jambinai), on a entendu parler d’un groupe Turc aussi. Et puis nos potes, les Slow Sliders : des bons.

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Trois heures après notre rencontre, dans une salle de L’Étage chauffée à bloc, les Bantam Lyons livraient une prestation incandescente. Si le format court de ces concerts laisse toujours un petit goût de « pas assez », il est formidable pour des groupes qui sont capables d’une telle intensité sur scène. De la même manière que sur l’EP, la voix, instrument à part entière des Nantais, vous attrape aux tripes dès la première note et ne desserre pas son étreinte avant la fin, une performance traversée d’éclairs et d’arcs électriques foudroyants. La maitrise et la cohésion est digne de vieux routiers mais l’énergie et l’envie sont bien celle de la jeunesse. Ils ne nous avaient pas menti, sur scène leur musique prend une autre dimension, la tension monte d’un cran, les sons ont à la fois la dureté du granit et l’élégance lumineuse d’une lande victime d’une soudaine explosion d’ajoncs. Délicats et solaires, mais piquants. Ils sont sur scène comme chez eux, le public prend une claque et apprécie. J’attends la suite avec impatience.

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