The Apartments – Fête Foraine.

© Artwork Pascal Blua
Highlander pop de noir vêtu, ange gardien de nos automnes délavés, ami imaginaire de nos adolescences solitaires, confident silencieux de nos émois fragiles, compagnon bien réel de ces soirées crépusculaires, âme frère de nos nuits sans sommeil : pour quelques-uns d’entre nous, Peter Milton Walsh est bien plus qu’un chanteur, bien plus qu’un talentueux songwriter. C’est une sorte de héros. La preuve (sur)vivante qu’il existe un autre chemin, à l’abri des regards envieux, à l’écart de la vulgarité marchandisée, loin des mesquines compromissions de nos routines. La confirmation qu’il reste une place, même infime, pour une élégance à fleur de peau, une bienveillance apaisante et cultivée, la quête d’une beauté brute et charnelle, un droit à l’erreur salutaire.
Au coeur de sa brillante, discographie, Fête Foraine est pour nous bien plus qu’un disque. Un doudou, une madeleine proustienne, un totem, un graal, un frisson tatoué sur nos coeurs fébriles, un trésor enfoui dans nos chairs, le plus précieux des souvenirs, caché au fond d’une boite défraîchie mais soigneusement rangée sur l’étagère de nos fantomatiques mélancolies. Fête Foraine est la quintessence de ce que la musique peut offrir de plus beau, un sommet de sincérité généreuse et désarmante, une communion reliant des âmes égarées aux quatre coins du monde.
Là où de trop nombreux musiciens cherchent uniquement à atteindre les oreilles d’auditeurs pourtant hermétiques à toute tentative de virtuosité ostentatoire, The Apartments touche nos âmes avec ces chansons revisitées, déshabillées, décapées. Une guitare, un piano, une trompette, la voix du chanteur. Aucun artifice, aucun ornement superflu. Que reste-t-il d’une chanson quand on la met à nu ? L’essentiel, l’indispensable, un souffle de vie, une éclosion, une mélodie pure, un espoir, une lumière, une intention en équilibre sur le fil du rasoir. L’envie de continuer.
J’ai toujours eu l’impression que Peter Milton Walsh ne chantait que pour moi. C’est encore plus évident sur Fête Foraine avec ces versions dépouillées de merveilles comme Sunset Hotel, Knowing Your Were Loved, On Every Corner ou encore Thank You For Making Me Beg.
Un disque immense, souvent déchirant, où selon l’humeur, la voix de l’Australien se fait couteau dans la plaie ou baume cicatrisant. Rarement l’intime n’avait été aussi universel. Une précieuse collection de morceaux de porcelaine fine chuchotés à nos oreilles tremblantes.
Un acte de foi. De bravoure.
Le geste d’un artiste, un vrai.
Sha la la…
© Matthieu Dufour
Album en pré-commande chez Microcultures ici : Fête Foraine.
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