Starfix, Les Cahiers du Cinéma du film de baston (by Jean Thooris).

Retour nostalgique mais distancié sur la première revue de cinéma de notre enfance : Starfix. Qui pissait sur Jean de Florette et bandait sur Dario Argento. En post-scriptum, dix films emblématiques de nos années Starforce.


STARFIX, LES CAHIERS DU CINEMA DU FILM DE BASTON 

Christophe Lemaire et François Cognard en pleine projo presse de Viva la vie (en 84)

Christophe Lemaire et François Cognard en pleine projo presse de Viva la vie (84)


« C’est à peu près du niveau d’Alien, rien que ça ! »

Parler de la revue Starfix oblige inévitablement à parler de soi. Car il est rare qu’un jeune amoureux du cinéma puisse trouver un tel point d’osmose avec une publication dédiée au Septième Art. Le geste paraît dorénavant impensable (nous y reviendrons), il était activement recherché au début des années quatre-vingt.

En 84, le môme de sept ans exige un repère cinéphile, un guide sur papiers. Trop jeune pour lire Les Cahiers et Positif, trop extrême dans ses goûts personnels pour se farder Première et sa défense d’un cinéma français bien peigné, le novice se replie logiquement vers les revues trash : Mad Movies et L’Ecran fantastique.

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque : la création des vidéoclubs offre soudainement un accès illimité aux films cultes, découvrir des « scandales » tels que Massacre à la tronçonneuse ou Mad Max devient possible, choisir un film (25 francs) exige une après-midi entière à naviguer dans les rayons du vidéoclub (au début des 80’s, louer telle cassette plutôt qu’une autre s’apparentait à un geste longuement muri, à un choix d’autant plus important qu’un film pouvait changer la vie). Les magazines servent ainsi de boussole, souvent sur la foi de quelques photos accrocheuses : Suspiria, Assaut ou Zombie se découvrent (se vivent) en VHS (ne pas compter sur la télévision et ses trois chaînes people) car les images proposées par Mad Movies donnent envie – l’affaire se corse quand le môme, intrigué par une jaquette affriolante, se retrouve à mater Crime au cimetière étrusque de Sergio Martino.

Jusqu’à la découverte, en janvier 85, d’une revue offrant une accroche totalement hypnotique : un homme, le visage en sang, dans la pénombre, avec un slogan suscitant l’imagination du lecteur (« Razorback, le choc d’Avoriaz »).

Pour être honnête, il ne s’agit pas du premier numéro de Starfix que j’achète mais celui qui m’oblige à suivre religieusement cette revue. Avant, les parents m’avaient offert les hors-série Le Retour du Jedi et Splash, des numéros qui ne rendaient pas compte de l’esprit Métal Hurlant à l’œuvre chez ce collectif anarchiste. Dès le numéro Razorback, ce basculement : Starfix s’affirme comme le premier journal qui me correspond, et pas seulement pour sa vénération à l’égard du cinéma horrifique et fantastique.

« Zuzu (prononcer Zouzou) »

Les premiers numéros de Starfix détenaient un esprit BD et parlaient surtout des grosses sorties américaines : couves Superman 3, Wargames ou Star Wars. Avec cependant une intuition qui allait faire école lors des dix années suivantes : Stallone en une, pour le premier Rambo. Cependant, déjà, entre deux articles consacrés aux mammouths US de l’époque, Starfix devenait fiévreux lorsqu’il s’agissait de défendre Dario Argento, David Cronenberg et George Romero (cinéastes totalement ignorés par le reste de la presse française). De manière encore insidieuse, le journal appliquait « la politique des auteurs » créée par Les Cahiers lors des 50’s. C’est entendu : Starfix fut notre Cahier du Cinéma de jeunesse (avant de lui préférer… Les Cahiers du Cinéma).

À mon sens, tout change à partir du n°16 (spécial Cannes 84, couve De Niro pour Il était une fois en Amérique). Starfix couvre l’intégralité de la Sélection Officielle et propose un numéro assez européen (Bellochio, Wenders, Angelopoulos, Skolimowski, et même un jeune danois nommé Lars von Trier – que le journal écorche en von Triez). Surtout, pour la première fois, Starfix monte au front, ouvre sa gueule et hurle à l’injustice. La raison ? La Femme publique, le nouveau film d’Andrzej Zulawski, n’est pas sélectionné à Cannes. Quelques mois auparavant, Nicolas Boukrief (fanatique zulawskien) s’était rendu sur le tournage, jusqu’à trouver en l’auteur polonais une figure de mentor – Boukrief deviendra ensuite assistant pour le cinéaste, jusqu’à lui dédier son premier long métrage.

Fausse impression ? Il me semble que toute la passion portée par Boukrief à l’égard de Zulawski conduisit Starfix à durcir son propos, à clarifier ses ambitions et ses enjeux. Je pense vraiment que la polémique Zulawski incita le comité rédactionnel à définitivement partir en guerre contre la vieille garde institutionnelle et le bon goût populaire. Car suite à ce numéro, plus rien ne fut comme avant : de revue curieuse mais cependant cantonnée au cinéma de genre, Starfix, fin 84, se transforme en char d’assaut vindicatif. Le journal y trouve sa raison d’être.

Les numéros suivants confirment le durcissement de la politique des auteurs starfixiens : John Huston (pour Under the Volcano), Joe Dante (Gremlins) et Coppola (Cotton Club) y sont plébiscités. Zulawski obtient une couverture pour L’Amour braque (en tournage). Starfix se permet également d’interviewer deux jeunes cinéastes inconnus : Joel & Ethan Coen (pour Blood Simple, découvert par François Cognard au marché du film cannois).

Les premières publications de l’année 85 insistent sur les marottes du journal : Eastwood, De Palma, Cimino, Hughes, Romero, et toujours Zulawski (deuxième couve pour L’Amour braque). Starfix commence à violemment dézinguer le cinéma français, à enterrer certains de ses cinéastes fétiches (Lynch pour Dune, Argento pour Phenomena) et commet quelques bourdes. En premier lieu, une défense abusive du vidéo-clip. Le journal encense Russel Mulcahy (Razorback) et Steve Barron (Electric Dreams), des jeunes cinéastes « tendances » qui ne feront pas longtemps illusion. Starfix rectifiera néanmoins sa position, quelques années plus tard, en démontant Alan Parker et Tony Scott.

Autre erreur : le journal, pour avoir aimé un premier film français nommé Le Dernier Combat (mis en scène par un certain… Luc Besson), consacre tout un numéro au tournage du second opus de son réalisateur (Subway, grosse production Gaumont avec Adjani, Lambert, Bacri et Galabru). Remord après la projection : Starfix entonne « station invalide » avant d’écrire, pour son numéro 50 rétrospectif, « nous attendions la confirmation d’un talent, nous n’avons eu que du vent et de l’académisme ». Le journal boycottera ensuite chaque nouvelle sortie Besson.

« Comme sorties des plus belles planches de Burne Hogarth »

En juillet / août 85, Starfix n’édite aucune publication. Raison évoquée par Christophe Gans dans l’édito du numéro de rentrée (couve Mad Max 3) : le journal s’interrogeait sur son rapport au fantastique et à la science-fiction. Raison officielle : Starfix avait fait faillite. Toujours est-il que Gans, en noyant le poisson économique, affirme l’émancipation du journal et son refus de cautionner le cinéma de genre (en perte de vitesse, selon le critique). Cela se vérifie dès le mois d’octobre : Starfix consacre un long dossier à Sylvester Stallone (pour Rambo 2) mais l’édito signé Cognard explique en quoi ces films (Rambo 2, Mad Max 3) s’admirent techniquement sans vraiment provoquer l’adhésion. Pour lui, le véritable cinéma d’aventure se situe en Hollande, via une œuvre barbare nommée La Chair et le Sang, conçue par un inconnu : Paul Verhoeven !

Starfix entame ici ses plus belles années. Les couves commerciales (Schwarzenegger, Stallone) permettent au journal de maintenir un bon niveau de vente. Et offrent à l’équipe la possibilité de longuement parler de cinéastes chers à ses yeux : Cavalier, Fellini, Carpenter, Oshima, Resnais, Friedkin, Skolimowski, Cimino, Tsui Hark, Dante, Romero, Cronenberg… Cependant, Starfix prend la peine de longuement expliquer pourquoi Le Contrat (un navet avec Schwarzenegger) ou Cobra (polar moralement douteux avec Stallone) sont de mauvais films.

Il s’agit cependant de ne pas clasher pour clasher : lorsque sort Predator, Starfix acclame John McTiernan (alors que la presse française n’y voit qu’un blockbuster belliqueux), Hitcher chamboule à ce point la rédaction qu’elle lui offre sa couve (film hier culte, aujourd’hui considéré tel un sommet du cinéma américain 80’s).

Le magazine poursuivra sur cette lancée, des années durant : Abel Ferrara, McTiernan (pour Starfix, Die Hard – ignoré par tous en 87 – confirme le génie du cinéaste), Verhoeven (LA révélation starfixienne), Sam Raimi, les Coen, Tim Burton… Des auteurs aujourd’hui plébiscités, qui paradent à Cannes (parfois en présidents du jury), créent l’événement et ne se contestent nullement.

« Le nouveau Nouveau Testament »

Entre Starfix et le cinéma français, l’affaire est plus trouble. Taxée de pro-américaine, la revue se retrouve évincée des projections de presse divulguant en avant-première les grosses sorties nationales. Jusqu’au délit de faciès. Dans son n° 44 (janvier 87), à propos de Mauvais Sang (deuxième film de Leos Carax), Starfix écrit : « Quelqu’un a jugé, quelque part, que Mauvais Sang, ça n’était pas notre créneau. Étonnant qu’un film de mouvement, sur le mouvement, réalisé par un metteur en scène de vingt-quatre ans ne fasse pas partie de notre créneau, si créneau il y a, à nous, rédacteurs de Starfix, dont l’âge n’excède rarement les vingt-cinq ans (…) Et Mauvais Sang, il se trouve qu’on adore. »

Il faut cependant dire que Starfix y va très fort lorsqu’il s’agit de fracasser le cinéma français. Rien à redire lorsque Lelouch (« ce grand dadais et son esprit Super 8 ») ou Boisset (« il payera pour les autres ») s’en prennent plein la gueule. Le jugement intempestif est moins défendable lorsque la revue ignore Garrel, Godard (chroniques timides de Prénom Carmen et Soigne ta droite), Varda ou Doillon (défendu sur le tard, trop tard, pour Le Petit Criminel). Inversement, les louanges françaises de Starfix laissent perplexes : Claude Miller (qui n’en méritait pas tant), 37°2 le matin (la meringue publicitaire de Beineix) ou Gilles Béhat (responsable d’une aberration nommée Rue Barbare)…

Plus grosse bourde starfixienne : une couve La Lune dans le caniveau (acclamé par Boukrief en projo perso, détesté par le reste de l’équipe lors de sa présentation cannoise). Les raisons de « l’erreur » sont connues, inutile d’y revenir…

Certaines fixettes sauvent heureusement les meubles : les deux Alain (Cavalier et Resnais) gravitent effectivement très haut dans le palmarès de la rédaction, Pialat est certes taxé de « bœuf » au moment de Police mais Sous le soleil de Satan obtient ensuite la couve et un mea culpa, et puis Carax, Chabrol, Niermans (Poussière d’ange, grand film oublié), Rohmer, et… Zulawski.

« Mystère fondamental de l’ornithorynque à crête »

Chose rare : le signataire d’un papier starfixien compte autant (si ce n’est plus) que le film himself. Car le journal dispose de sacrées personnalités aux obsessions et aux styles rédactionnels facilement identifiables : Christophe Gans (qui vomit – littéralement – lorsqu’il raconte à ses confrères la scène de la panthère dans As The Lights Go Down), Nicolas Boukrief (« l’intello » de la bande, persuadé qu’un jour Zulawski dominera le monde), Frédéric « FAL » Albert Lévy (le rationnel, le pragmatique, pour qui chaque film détient une logique interne), Christophe Lemaire (le déconneur punk, qui sous l’identité Paimboeuf rédige la page que nous lisons chaque mois en priorité), Hélène Merrick (la fille du gang, qui écrit sur Youssef Chahine ou Stallone sans jugement de valeur), François Cognard (journaliste en croisade, particulièrement lorsqu’il s’agit de Paul Verhoeven), Doug Headline (l’inventeur de la « Starforce »), Mathias Sanderson (dont le Daily Planet constitue, durant longtemps, un supplément clip / pub / littérature au sein du journal)… Et quelques inoubliables pseudonymes : Dan Brady (à qui nous devons la passion série Z, de préférence italienne), le Colonel Kurtz (qui répond aux courriers des lecteurs en les insultant), L’empaffé (un nom approprié).

Car il faut le redire : malgré le sérieux des analyses et la défense d’auteurs mésestimés, Starfix pratique également la gaudriole. La lecture de certains articles provoque l’hilarité (une notule consacrée à Bleu comme l’enfer de Boisset se focalise sur les faux raccords vrai chien / faux chien, quelques lignes sur Santa Claus précisent que chaque détenu pouvant regarder ce machin en intégralité verra sa peine de prison raccourcie), les chroniques vidéos X de Lemaire s’achèvent inlassablement par un « ils sont fous chez Colmax ! », Charles Vanel (« que l’on croyait mort ») est une private joke présente à chaque numéro, Lelouch y est régulièrement moqué (« malgré l’insuccès de la suite d’Un Homme et une femme, Un Homme et une femme vingt ans déjà, Lelouch souhaite lui donner une suite qui s’appellera : Un Homme et une femme, vingt ans déjà, un an déjà »)… Sans parler des Rats de Manhattan (le nanar préféré de la rédaction), de Pierre Pattin (cinéaste du Clown nécrophile) mimant où il se mettrait son César s’il en recevait un, des dérives lubriques autour de Laura Gemser jusqu’aux faux aveux d’Alain Delon pour Parole de Flic (« “Alain Delon est un excellent acteur, un type hors du commun” (Alain Delon lui-même) »)…

Starfix, c’était cela : un croisement anarcho-déconneur entre cinéphilie maladive, influence Cahiers du Cinéma et galéjades extirpées d’une philosophie fanzine (là où débuta chaque membre de l’équipe). Face à Starfix, il paraissait évident que Mad Movies manquait de fond, et que L’Ecran fantastique écrivait ses articles de façon trop didactique.

« En avant Mars »

En février 89, Starfix renouvelle sa présentation : format Rolling Stones, dossiers centraux consacrés à des sujets variés (les Césars, Marlon Brando, les films cultes, David Lynch), point de vue critique sans esclandre (détesté par la rédaction, le Batman de Burton bénéficie néanmoins d’une chronique 4 étoiles rédigée par… le correspondant américain du magazine, Alan Jones). De notre côté, on continue d’acheter et de lire Starfix mais l’enthousiasme juvénile n’y est plus. Quelques articles justifient notre fidélité : couve Mes nuits sont plus belles que vos jours, Total Recall en tournage, analyse Sam Raimi (pour Darkman), interviews de John Carpenter, Alain Resnais ou James Cameron… Notre curiosité cinéphile est maintenant ailleurs (Les Cahiers). Starfix lui-même n’est pas dupe : il informe sur l’actualité du moment sans véritablement monter au front (malgré, ce n’est pas rien, une couve Gus Van Sant dès Drugstore Cowboy).

La lassitude gagne l’équipe. Pour cause : les auteurs hier défendus commencent à faire l’unanimité critique (Ferrara intrigue, Raimi fascine, les Coen sont des génies, Cronenberg est un maître, Carpenter un « classique »…). La bataille est gagnée. Verhoeven, Mann et Friedkin restent encore sous-estimés (nous sommes en 90), plus pour longtemps.

Logiquement, dans un geste kamikaze (le dostoïevskien Boukrief est alors rédacteur en chef), Starfix tire sa révérence en décembre 90 avec un numéro dédié à la parole des cinéastes (et mis en images par Hilton McConnico). Couverture frontale : Bouge pas, meurs, ressuscite (un grand film aujourd’hui un peu oublié de Vitali Kanevski) – tout un symbole. Mot de la fin,  dernière page ? Par Andrzej, qui d’autre ?

Et aujourd’hui ? L’époque cinéphile ressemble à un numéro de Starfix… avec trente ans de retard ! Des preuves ? Michael Mann fait la couve des Cahiers, De Palma et Friedkin sont canonisés, on publie des ouvrages sur Zulawski et Romero, Dario Argento fait l’objet de conférences, Stallone va jouer chez Olivier Assayas, Verhoeven est considéré comme l’un des plus grands cinéastes de son temps, on étudie le parcours de Schwarzenegger, Ferrara concourt à Cannes ou Venise, Cronenberg est une indiscutable référence. Et même des cinéastes B tels que William Lustig ou Frank Henenlotter voient leurs classiques aujourd’hui ressortir dans des éditions luxueuses…

Simple affaire d’une génération (la notre) aujourd’hui écrivaine, critique, éditrice. Une génération ayant toujours placé certains classiques (Godard, Bergman, Straub, Duras) à égalité avec des auteurs tardivement reconnus mais tout aussi cruciaux (Friedkin, Zulawski, Ferrara, Carpenter).

C’est également pourquoi, à notre époque, l’existence d’un journal tel que Starfix serait impossible : avec la prolifération des blogs et des Webzines ainsi que l’étendue des revues (So Film, La Septième Obsession, Rouge Profond, Ciné-bazar), la sphère cinéphile est entièrement couverte. Un jeune auteur talentueux ne reste plus dans l’ombre. Au pire, il provoque la polémique sur les marches cannoises (Nicolas Winding Refn). Actuellement, il n’y a plus rien à découvrir par soi-même, l’Internet épluche et valorise le moindre recoin obscur. L’invisibilité est un concept daté. Reste à plonger dans le passé et à confronter les expériences intimes (ce que font talentueusement les revues susmentionnées). Ou bien à suivre l’actualité avec virulence analytique (Les Cahiers du Cinéma, malgré un creux lors de la décennie 2000, à nouveau au-dessus des autres).


© Jean Thooris


Nicolas Boukrief après sa première vision de Possession en 81

Nicolas Boukrief après sa première vision de Possession en 81


 « En fer et contre tous »

En post-scriptum, notre liste personnelle de 10 films « starfixiens » (qui comptent pour nous).

  1. Evil Dead (1983)

Choc du mois du numéro 1 de la revue (janvier 83). Sam Raimi issu de la même génération que l’équipe Starfix, il semblait logique que le journal défende la débrouillardise d’un jeune homme à l’avenir prometteur. Les années suivantes confirmeront l’importance de Raimi au sein du cinéma américain.

  1. Police Fédérale L.A. (1986)

Honteusement passé inaperçu lors de sa diffusion en France (relégué au stade de série B), le chef-d’œuvre de Friedkin aura certes demandé quelques années avant de recueillir l’enthousiasme de la majorité. Avant le plébiscite, Starfix décortiquait la poursuite en bagnoles plan par plan, sur quatre pages hyper techniques ! Les tarés…

  1. L’Amour braque (1985)

Ah, Zulawski ! Aurions-nous autant aimé l’œuvre d’Andrzej sans les arguments vindicatifs de Boukrief ? Sans doute, oui. Mais par sa fougue, sa passion et sa transe, Boukrief nous a certainement aidés à découvrir le cinéma d’Andrzej bien plus tôt que prévu. Jusqu’à en faire notre auteur fétiche…

  1. La Chair et le sang (1985)

Paul Verhoeven, qui ça ? Totalement inconnu sinon pour les rares ayant découverts Le Quatrième Homme lors du festival d’Avoriaz 84, Verhoeven, en 85, restait clochardisé. Films inédits en France, rejet critique… Ce fut le plus beau coup Starfix : organiser en contrebande des projections de ses films néerlandais (à l’Escurial Panorama), et insister, avec acharnement, sur la modernité verhoevenienne (merci, Cognard !). C’est peu dire que Starfix était en avance, là…

  1. The King of New York (1990)

Lorsque Starfix consacre sa une à King of New York, il ne s’agit pas d’une révélation mais d’une confirmation : le journal acclame Abel Ferrara depuis ses débuts (couve New York, 2h du matin, à l’intérieur d’un hors-série consacré à la rentrée cinématographique 84). Nous devons également à Starfix notre découverte / amour Abel (époque China Girl).

  1. Predator (1987)

L’enthousiasme de Gans à l’égard du deuxième McTiernan laissait la majorité dubitative. D’autant plus que Nomads, premier McT, n’avait pas transcendé l’opinion. Aujourd’hui, Predator est à la Cinémathèque et McTiernan un auteur phare pour la critique française. Amen.

  1. Videodrome (1983)

Parce qu’inédit en France, Starfix lance un appel pour la distribution de ce film instantanément culte et prophétique. Dorénavant considéré parmi les plus importants de l’époque. Cronenberg, lui, sera définitivement auteurisé par tous à partir de Faux-semblants

  1. La Forteresse Noire (1983)

Qui connaissait Michael Mann à cette époque ? Personne sinon Starfix qui avait adoré Le Solitaire. Jusqu’à consacrer un numéro intégral à cette œuvre maudite, un peu ratée certes, mais détentrice des principaux aspects qui allaient ensuite faire du cinéaste de Miami Vice « le plus acclamé des cinéastes sous-estimés ».

  1. The Killer (1989)

Inédit en France durant très longtemps, le renouveau du cinéma asiatique se découvrait via quelques papiers hallucinés édités par Starfix. Certes, le numéro spécial made in Hong-Kong des Cahiers du Cinéma (en septembre 84) restait la Bible du genre, mais ce fut néanmoins Starfix qui, en premier, nous parla d’un certain… John Woo (dont The Killer, lisait-on, était « encore plus noir que l’encre de calamar et plus violent que Scarface »). Bien des années plus tard, découvrant (enfin) le film en salle, nos fantasmes coïncidèrent avec l’excitation starfixienne d’alors : Woo était un grand.

  1. Faux-semblants (1988)

Probablement le dernier coup de cœur starfixien avant que le journal ne tire sa révérence. Cronenberg, sinon qui ? « Faux-semblants, vrai chef-d’œuvre », pouvait-on lire.


 

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