Gaspar Claus – Tancade.

Au milieu de ce brouhaha incessant, de cette surenchère d’éructations vaines, qu’il est bon de trouver au bout d’un sentier caché cette plage mystérieuse, ce bout de terre collé à la mer, cette retraite préservée des égos, des égouts et du dégoût. S’extraire du monde et de sa violence, de sa vacuité, s’abandonner pour mieux se retrouver, s’oublier pour enfin se reconnaître. Ignorer l’urgence, les injonctions et les croyances. Se mettre à nu et se poser face à cette mer, qu’elle existe ou pas. Laisser son cœur battre au rythme des vagues clapotantes, se contenter de respirer et d’être, là, las mais la peau réchauffée par un soleil bienveillant. Recharge. Le monde peut bien attendre. Et les heures filer à leur rythme nouveau, imprécis, complice. Fermer les yeux, larguer les amarres et plonger en soi, cap sur cette île secrète, intérieure. Au son du violoncelle de Gaspar Claus, un instrument qui n’a jamais semblé aussi moderne, un instrument qui sonne, qui somme comme un orchestre entier, un orchestre aux multiples facettes, un orchestre monde tour à tour caressant, enveloppant, grondant, inquiétant, accueillant, apaisant, réjouissant. Le geste, lui, est toujours aimant. A Tancade, mélancolie et espoir fusionnent, chair et tourments de réconcilient, guerre et paix de l’âme ne connaissent ni vaincus, ni arrogance. A Tancade, la beauté est innée et la poésie naturelle, évidente. Nous avons chacun notre Tancade, une île, une crique, une clairière, un bout de ciel, un sentier de montagne ou tout simplement un recoin au fond de nous. Un refuge, non pour se cacher ou fuir. Mais simplement pour se sentir à nouveau en vie. Un refuge comme un ami, comme une rencontre, comme une promesse. Un refuge comme un élan retrouvé. Doux et lumineux. Simple et léger. Un refuge comme un souffle. Comme une ritournelle. Comme une harmonie. Un refuge comme l’écho d’un ailleurs possible. Gagner Tancade pour rester envie.
© Matthieu Dufour