Interview – Frank Darcel (Republik).
On s’est quittés en septembre avec une première impression d’ensemble, quelques chansons déjà bien abouties, d’autres en ébauche, les batteries de Franck enregistrées avant son départ pour la tournée de Yelle, les basses aussi… Où en êtes-vous maintenant ? Il vous reste quoi à faire ?
En fait, le grand avantage de cet enregistrement au long cours, sans beaucoup de pression en termes de délais, puisque l’on a décidé de sortir l’album en septembre 2015, c’est qu’on recommence parfois ce qui ne nous plaît pas… Ainsi, un des titres importants du disque « That Kid Is Different », a été refait avec notre nouveau batteur. On a également recommencé quelques basses parce que les mélodies de voix avaient évolué entre temps, et la basse devait en tenir compte. J’aime beaucoup cette manière de travailler, je n’ai en fait jamais vraiment connu cela auparavant a fortiori sur des disques pour lesquels j’étais le producteur. On avait un temps imparti pour rendre les bandes et l’enregistrement se faisait souvent sur trois semaines ou un mois d’affilée. Les deux méthodes ont cependant leurs avantages, mais pour le premier album de Republik je suis content de tester cet emploi du temps un peu plus élastique.
Ceci dit, c’est aussi une manière de travailler qui est guidée par la conjoncture. Il n’est en effet pas concevable de sortir un album, surtout sur un petit label comme LADTK, sans avoir préparé cette sortie. C’est-à-dire sans avoir communiqué beaucoup en amont, sur les réseaux, ni sans avoir sorti un ou deux single auparavant. Sans ce travail de préparation, l’album pourrait sortir dans un relatif anonymat, et avoir peu de temps de vie surtout… Un enregistrement qui s’étale dans le temps est idéal pour se donner le temps de communiquer. On étire ce temps, on tente de le maîtriser, de créer une attente, le KissKissBankBank a d’ailleurs été une première étape importante également en termes de communication.
Tu es content de la tournure que ça prend ? De la tonalité d’ensemble ? C’est conforme à ce que tu avais en tête ?
Très franchement, je suis vraiment heureux de ce que l’on commence à déceler oui. Le fait qu’on procède en prenant notre temps nous donne certes plus de recul, mais le moment où l’on comprend ce qui est en train de se passer, ce qu’on a en main, se déroule sur une période très courte, comme lors dans un enregistrement classique, quand on prend la mesure de l’album que l’on est en train de produire au bout de trois semaines seulement, et en un ou deux jours. Là, au bout de six mois (pas six mois de studio bien sûr, mais des séances étalées sur cette longue période), cela s’est passé en studio à Lanmeur, sur quelques jours également. C’est comme une photo argentique en phase de développement qui s’est brusquement révélée. Avec seulement quelques voix qui étaient abouties, on a passé en revue les morceaux où les guitares manquaient (c’est un album dans lequel les guitares sont très importantes) et on a complété. Les premiers invités ont également mis leur coup de patte, comme les guitaristes Xavier Géronimi ou Yann Le Ker, et Stéphane Kerihuel et moi-même en avons fini à ce moment-là aussi avec les six cordes. Du coup, en deux jours, on a eu cet aperçu, cette vision de l’album. Comme si la moitié au moins des titres venait de prendre vie tout simplement. Et on s’est dit : mince, cela va être pas mal du tout ! Personnellement j’ai pris conscience qu’il se passait quelque chose qui m’échappait, mais c’était une sentiment agréable. Et c’est la première fois que je me retrouve avec des mises à plat qui ne sont plus seulement des bases de travail, mais des titres que j’ai plaisir à écouter et à faire écouter.
Quant à savoir si cela correspond à ce qu’on avait en tête, c’est difficile à dire. Dans le cas de beaucoup d’enregistrements auxquels j’ai participé, on trouve en général que le résultat dépasse ce qu’on attendait, en mieux ; le contraire est mauvais signe… Mais, objectivement, si l’on se contente de comparer avec les deux précédents EP de Republik, c’est beaucoup plus abouti et maîtrisé, mais aussi plus chargé en émotion.
Tu peux nous en dire un peu plus sur quelques chansons ? On avait déjà mélange de balades et de morceaux plus rock, de nouveaux titres sont apparus ?
Nous travaillons toujours sur treize titres, après avoir commencé avec 16… L’un a été écarté parce qu’il était une reprise d’un morceau déjà enregistré et qu’on en a fait une version plus intéressante en répétition. Tellement plus intéressante que cela est devenu un autre morceau, qui sera peut-être sur le prochain album. Les deux autres titres qui ont été mis de côté étaient compliqués à aboutir, parce qu’ils auraient nécessité de nombreuses heures de studio supplémentaires. On a donc décidé de les garder pour plus tard, pour une approche différente. Ici, les treize titres toujours en course peuvent être joués à deux musiciens en acoustique, et atteindre leur cible relativement facilement. Cela ne veut pas dire qu’ils sont simples… Il y a même des accords compliqués dans certains (rires)… Mais ils ont été créés avec une énergie qui nous vient des quelques concerts que nous avons faits. Sur un prochain album on aura peut-être envie de faire des choses plus éthérées, mais là on a besoin de savoir que ce qu’on fait en studio est reproduisible sur scène sans avoir recours à aucune complication technique.
Pour ce qui est de l’équilibre entre balades et morceaux rapides, il a été maintenu. Mais ce n’était pas inscrit dans un quelconque cahier des charges cette idée d’avoir des rythmes et des tempos relativement variés. Cela s’est fait naturellement, ces variantes sont plus agréables pour nous, cela ouvre l’album. Et cela devrait être plus excitant pour l’auditeur également… En tous les cas nous l’espérons.
Une des questions que je me posais, même si la plupart des titres ont des mélodies qui peuvent se retenir et une certaine efficacité rythmique, quel que soit le tempo, était de savoir si ces différents registres rythmiques, les différentes langues abordées (français, anglais, allemand), les nombreux intervenants, allaient empêcher ou non le disque d’avoir une identité cohérente tout au long de l’écoute. Je n’ai pas encore tout à fait la réponse, et pas encore le recul nécessaire. Mais d’après les ingénieurs du son et le reste du groupe, il y a un vrai fil conducteur. Mais pour le confirmer vraiment, il faudra attendre encore un peu…
Il y a un premier titre qui devrait sortir bientôt, un clip ?
Oui, Saleen, une des balades de l’album, va être mixé dans une dizaine de jours, et envoyé en radio début janvier. Un clip devrait être tourné mi décembre par Jo Pinto Maïa.
La date de sortie de l’album est prévue pour quand ?
Comme je le disais, il ne nous est pas apparu cohérent en terme de préparation promo de sortir l’album au printemps comme cela était prévu. Même si tous les mixages devraient être terminés vers la fin février, on a préféré reculer à septembre. Mais on va sortir deux singles en attendant, pour le net et les radios.
L’album a un titre ?
Oui, il va s’appeler Elements. Il y aura sûrement des tas de manières d’expliquer pourquoi… En tous les cas, si on fait abstraction des accents éventuels, c’est un mot qui se comprend dans plusieurs langues européennes. Et je trouve cela important ce côté transversal à plusieurs langues.
Comment se passent les premiers concerts ? Avec le nouveau batteur ? Quel est l’accueil ?
Nous avons fait trois concerts avec Fede à la batterie et nous sommes très contents de ce qui se passe entre nous. Et le public avait l’air content aussi ! Frank est un très bon batteur, et on va s’en rendre compte en écoutant le disque, mais son travail avec beaucoup de formations l’empêchait d’être complétement immergé en Repubik. Avec Fede nous commençons à entrevoir un esprit de famille au sein du groupe. C’est important. Sur ces trois concerts, celui de Rennes au 1988 Club était le plus abouti, et le fait que c’était une très bonne sono a joué évidemment. Une des remarques du public qui est beaucoup revenue est très plaisante, elle fait référence au fait que nous ayons de vraies mélodies. Les gens les repèrent alors que ces nouveaux titres ne sont pas encore sortis. Je trouve cela encourageant.
Il y a une date importante, en tout cas visible et peut-être un peu « spéciale » pour toi, en première partie de Daho le 20 décembre à Rennes : tu appréhendes ou c’est de l’excitation ?
Nous sommes tous très heureux de faire cette date. C’est vrai que c’est une sorte de retour vers le futur dans le concept… Mais les Trans de l’année dernière portaient cela également puisque je n’y avais pas joué depuis trente quatre ans… Pour le concert en ouverture d’Etienne, c’est tout aussi excitant, mais moins nostalgique d’une certaine manière. Etienne m’a envoyé la version live de Soleil de minuit en début de semaine. Nous l’avions écrit il y a près de trente ans et il le reprend en ce moment sur scène. Malgré le côté spleen des paroles, j’ai dit à Etienne que je ne voyais aucune « saudade » dans cette reprise, mais plutôt la preuve que nous n’avons pas beaucoup changé depuis notre adolescence puisque le morceau sonne parfaitement actuel, dans la forme et le fond. Il était d’accord sur cette analyse. Forever young !
Vous avez d’autres dates prévues ensuite ? Tu es confiant pour une tournée en 2015 ?
Jusqu’à fin février on va se consacrer à l’aboutissement de l’enregistrement. Mais il sera toujours possible de jouer dans quelques cafés concert. On aimerait jouer à Paris en mars. Et si on passe un peu en radio avec nos singles, j’ai bon espoir que l’on puisse faire des concerts fin 2015. Une véritable tournée dépendra de l’accueil du disque. Mais on y croit !
Est-ce que tu envisages déjà la suite, un autre album par exemple ou pour le moment tu restes sur le court terme ?
Bien sûr, j’aimerais qu’il y ait un second album, un jour. Et j’aimerais, comme je l’évoquais, aller vers des expériences un peu sophistiquées en studio. Y passer un certain temps mais surtout répéter beaucoup avant. Tout dépendra de Elements.
Un dernier mot sur le KissKissBankBank qui s’est achevé avec un objectif dépassé, quel regard portes-tu sur cette campagne ? Au-delà de l’aspect qui financier, est-ce que cela a apporté quelque chose dans la dynamique par exemple ?
Le KKBB a aussi été un formidable levier pour faire parler de l’enregistrement. 137 KissBankers sont tenus au courant de l’évolution du disque et certains continuent de nous filer un coup main pour la promo… Tout cela devrait porter ses fruits. C’est ainsi quand on réunit de bons éléments…
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