Interview – Naïm Amor.

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Pourquoi avoir dit « oui » à l’invitation de Nesles de venir jouer aux soirées Walden ?

La chose la  plus naturelle possible.

On ne se connait pas avec Nesles mais l’internet permet une accessibilité qui il n’y a pas si longtemps aurait été impossible. C’est une invitation formidable, car il s’agit là de créer des liens plus qu’un simple spectacle. C’est aussi à Paris, là même ou j’ai vécu la première partie de ma vie.

Vous qui êtes « exilé » depuis une vingtaine d’années, vous suivez ce qui se passe en France musicalement ? 

Encore une fois, l’internet permet de rester en contact constant partout dans le monde, cela a ses indéniables avantages, mais je trouve aussi que cela réduit paradoxalement l’espace. J’aime avoir un peu de distance, de la nonchalance presque, envers ce qui est disponible  24h/24, 7j/7. Je laisse donc beaucoup de chose arriver vers moi si elles doivent s’acheminer vers moi. Je ne me tiens donc pas activement au courant, mais certaines choses vont venir vers moi pour une raison ou pour une autre, autrement que par le fait de me tenir activement, de manière volontaire au courant…

Si oui, quel regard portez vous sur les scènes françaises actuelles ? Des artistes, des groupes qui vous touchent, vous intéressent ?

Je ne connais donc pas bien la scène actuelle française, de plus je recommence tout juste à tourner. C’est d’ailleurs même un des attraits pour moi de tourner à nouveau, reconnecter avec la France, les musiciens entre autres.

Pour faire exister et voyager leur musique, les artistes d’aujourd’hui multiplient les collaborations, les rencontres, le mélange des genres : ce n’est pas une nouveauté pour vous – Paris, Tucson, Calexico, Thomas Belhom, Marianne Dissard, cinéma : vous n’avez jamais eu peur de franchir des frontières qu’elles soient géographiques, musicales, … Quel est votre moteur ? Vous avez un fil conducteur ou vous faites cela à l’envie, à l’intuition, au hasard des rencontres ?

Avant même d’être musicien professionnel, je me souviens étant adolescent comprendre d’un coté l’énergie et la passion d’être  » entier ». Par exemple, adolescent, il y a toujours des cliques, ceux qui écoutent ceci, les autres cela, qui s’habillent ainsi ou comme ça…  Puis d’un autre coté et cela était déjà conflictuel chez moi, l’insatisfaction à n’aimer qu’une seule chose, être enfermé dans un cercle soit disant « vrai » authentique. Bien que sensible à la différence radicale qui sépare l’authentique de la copie, mon attrait pour l’original, se porte toujours en fait sur le mouvement de sa naissance, sa genèse, et donc de sa sortie d’un état précédant contrairement à sa répétition orthodoxe. Les collaborations sont un véhicule qui peut servir ce mouvement de sortie de soi même dans le fait de répondre à l’autre, c’est surtout pour cela que j’aime travailler avec le film.

Quelle est votre actualité ? 

Un album en collaboration avec John Convertino (Calexico) The Western Suite and Siesta Songs va sortir à la rentrée.

Vos projets ?

Enregistrements divers avec Al Foul (je joue la guitar lead). Aussi, un album de guitare électrique et ensemble à cordes. Enfin, le travail sur un film de fiction, une histoire de gang de motos. Et aussi, me remettre sur la route, tourner plus régulièrement.

Pour finir, un récent coup de cœur ? Film, livre, disque…

Films…pas trés intéressé. Livre, Life de  Keith Richards. Musique, emmener mon fils au Tucson Symphony Orchestra voir des musiciens jouer dernièrement  Pierre et le Loup, Le Carnaval des Animaux de Saint-Saens …



Questions subsidiaires par Pascal BLUA

Parallèlement à ta discographie « personnelle », tu publies la magnifique série « Soundtracks », une bande son instrumentale de films imaginaires. Comment expliques-tu le besoin de t’exprimer autrement que par le format « chanson » ?

J’aime le format chanson pour son immédiateté, son succès montre combien il est adéquat aux systèmes de diffusions modernes initiés par la radio, la télé, puis l’internet. Mais il y a pleins d’autres manières de dire, d’exprimer. Les changements de formats, leurs permutations, ils sont tous très excitants, et je crois que c’est la seule raison qui me pousse à utiliser des formats différents, je m’amuse.

Considères tu l’artwork de tes pochettes comme un prolongement visuel de l’univers de l’album ou un choix purement esthétique ?

Je ne suis pas graphiste mais j’ai grandi autour de plasticiens, je suis donc sensible à cet aspect. Oui, j’essaye d’appréhender les pochettes de disques et leurs contenus visuels de manière à traduire plutôt que de représenter le matériel sonore ou le processus même de la production du projet. L’image est très prédominante dans nos sociétés, et pour cause, elle frappe également de manière très immédiate, parfaitement adaptée aux médias ultra rapides de consommation de contenus. Je fais donc attention à cela, la mode, les clichés, le marketing… je n’aime pas.


Merci !


Naïm Amor aux soirées Walden le 14 mai à ACP La Manufacture 

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