Jours de futurs incertains* (et pruneaux d’Agen) by Guillaume Mazel.


La bataille avait été terrible, épiquement terrible, plus d’un y avait laissé la peau (c’est le cas de Mr. Cobra qui muait ce jour là) et les plumes (c’est le cas de l’homme Faux-con), en fait, demi-patrouille Y était resté, et la moitié de la confrérie des vilains unis idem, sauver ou détruire le monde est un sacrifice quotidien où disparaissent les amis et ennemis à tour de bras, jamais agréable, si peu remercié, rien gratifiant, mais c’est un sale travail que quelqu’un doit faire. La patrouille Y était née d’un projet secret pour sortir les jeunes Ni-Ni (ni études, ni travail) de leurs sofas en inoculant, dans les années 70, plein de produits chimiques avec un tas de noms scientifiques à moitié inventés, et puis voir ce qui se passerait. Il y eut toute une génération touchée (et quelques déchets), aussi est-il vrai que l’homme cigarette ou la femme poussière n’étaient pas très utiles, ils tombèrent en premier, paix à leurs cendres, la poussière à la poussière. Et puis il y eut le grand schisme, l’ambition logique des vilains, la morale catho-maman papa des autres, et les indécis qui votent toujours blancs et venaient de Suisse pour la plupart choquèrent, ce fut la guerre, enfin l’histoire de toujours, sempiternelle lutte du bien et du mal, blah blah blah (comme dirait l’homme iguane). Les élus rapidement choisirent leurs équipes qui se décimèrent peu à peu. Ils la nommèrent la guerre des dieux, et les gens comme vous et moi, banals et sans queues ni flammes, passâmes inaperçus sous les décombres et les égos surchargés des héros, peu d’entre les humains survécurent. Ne croyez pas que ces énergumènes là vont dans les campagnes détruire a coup de lasers et de trous (ce salaud d’homme taupe), non, ils viennent jusque dans nos rues  éventrer nos fils, nos compagnes, là où il y a foule, paf, ils déboulent. D’abord, ils prirent Manhattan, après ce fut Berlin, ensuite  Amsterdam et Bruxelles seul, le souvenir de Brel, et Berlin, rien de plus qu’un nouveau zoo humain. Redescendu vers Prague et sa sœur Budapest, et les suicides en masse, et l’odeur de la peste. Vienne(nt) mes espoirs déçus au goût amer. Rome!… Pardon, je m’enflamme (pas littéralement, je ne suis en aucun cas l’homme briquet), puis vinrent les provinces, les cantons, les chefs-lieux, bourgades, hameaux et lieux-dits. Tout fut plus ou moins détruit, ainsi se sauve le monde, quelle ironie !! La dernière bataille eut lieu en Catalogne, entre Cadaqués et Tarragone, les derniers vestiges des deux clans s’affrontèrent durant deux, le fracas fut terrible, on dut fermer le musée Dali pour cause de chaos et les plages ne se remplirent plus autant de français descendus voir les petites espagnoles. Ils tombèrent presque tous, un à un ou deux par deux, parfois à la queue-leu-leu, comme aux bureaux de Pôle Emploi pour que vous visualisiez bien la tristesse et la dépression qui survolaient les catalans. L’homme lave se gela,  glace-woman finit en sorbet, la femme veuve rejoint son époux et super rieur perdu son sourire, la désolation fut totale, jusqu’aux plus valeureux, Mr. Pi 3,14, Madame Curie, Super-sone, Radio-Head, Black Star, enfin tous quoi… ou presque tous. Du dernier carré de Tarragone ne restèrent que deux, peut être pas les plus puissants, mais comme il n’y a qu’eux… ou plutôt qu’elles (par statistiques les femmes vivent plus que les hommes). A ma gauche, en provenance d’Allemagne, pesant 60 kilos pour un mètre 60, Nina Hagen, alias la Vierge Folle dont les délires vous font perdre le nord, à ma droite, pesant 30 kilos d’os et un mètre vingt, dans le rang des bons, Siouxie Sioux, alias Banshee, dont le chant froid vous envoie direct en centre spécialisé en spleen et dépression morbide. 

Note de l’auteur : pour tous les Je-sais-tout, Banshee est un super héros irlandais membre des Xmen qui utilise la puissance de sa voix pour voler et faire bobo, bobo toi, qui crois que j’allais habiller Siouxie en collants vert flashy et jaune « je te vois dans la nuit », l’auteur se permet d’avoir un peu plus de classe et se permet de l’habiller de latex noir si favorisant à la gente pâle et maigrichonne. Quant à la vierge folle…. heuuuuu, là oui,  je vous laisse imaginer tout ce que vous voulez… revenons à ce texte déjà fort long.

Comment avaient-elles survécu ? La légende raconte qu’alors que tous se bousillaient gaiement au champ de bataille à coups de grosses caillasses et lourdes phrases, elles se maquillaient, ce qui prenait pas mal de temps, mais avait un effet sublime dans le chaos et la guerre. Ce fut donc un dernier round psycho-sonore qui s’engage, sur les vertèbres et armures des chus, un combat sans pardon, sans répit, avec ses alternatives, ses contrecoups et contre-attaques, ses blagues verbales et joutes d’ironie. Au bord de la débâcle, Banshee trouva son second souffle alors que la vierge allait asséner le coup de grâce. La dernière explosion fut titanique, fruit d’un son ténébreux et d’un délire psychopathe, l’onde de choc propulsa Siouxie-Banshee à des kilomètres du centre sismique dans des effets spéciaux que même Matrix paraissait rétro. Elle perdit conscience un jour ou deux, comme une bonne gueule de bois de son adolescence un peu rebelle voire dure, difficile au niveau parents, son air gothique avait à l’époque bousculé les moeurs du cottage, le pasteur voyant ce mouton noir comme un vilain petit canard. Si ça n’avait pas été pour l’apparition du Professeur Santiago Eude Ursul de Romorantin, alias Professeur Seur, en fait maitre d’école primaire d’un canton du Tarn élevé au rang de boss pour ses efforts comme fonctionnaire d’État. Lorsqu’elle se réveilla, les cheveux légèrement crêpés par la brûlure et le maquillage étalé sur toute la face, elle observa les dégâts, tout était fini, elle semblait victorieuse, si rien ne bouge, la victoire est au dernier homme debout, ou femme tordue de douleur dans ce cas. C’est en se levant qu’elle senti une douleur atroce dans la cuisse, il lui manquait un kilo de chair, à vue d’œil, elle tituba, puis s’effondra, incapable de faire un seul pas. Il fallait qu’elle se soigne le plus rapidement possible, et aller prôner la victoire du bien sur le mal aux survivants. Avec beaucoup de peine elle réussie à s’envoler, les zigzags l’enivraient, mais elle peut voler jusqu’à passer les Pyrénées, n’arrivant pas plus loin que là (elle aurait voulu arriver au refuge de Venise, mais que c’est triste Venise au temps des héros morts). Sans plus de force, elle chuta, désorientée, fatiguée et avec trop peu de sang pour résister (du sang de toute façon, elle n’en avait jamais eu un tas). Il lui semblait entendre le dernier battement de cœur alors que le sol allait joindre son crâne. Son corps se fracassa un peu plus sur des rochers affilés (je mets ça pour que vous sentiez la douleur dans vos chairs, c’est un truc d’auteur d’en rajouter un peu beaucoup). Il faisait chaud, il faisait sec, un grillon chantait quelque part sur la gauche, cela sentait le pruneau et la lavande, elle sombra dans un coma léger. Elle ouvrit les yeux sur des murs blanchis à la chaux, nus et étincelants, le soleil gorgé lue la blancheur de la chaleur, tout sentait la paix, la douleur lui rappela toute la guerre, elle soupira (le froid emplit la salle le temps d’un souffle congelé).

Note de l’auteur (oui, encore) : je vous demande de bien vouloir imaginer ce merveilleux accent chantant, entre italien saoul et espagnol refroidi qu’ont les gens d’ici – et moi – du sud, et copier-coller cet accent même exagéré à des fins comiques si vous le désirez, nous autres, gens sudistes de bouche pleine de soleil, ne nous fâchons jamais de cela… mais faut pas pousser mémé dans les orties… Or donc, posez cet accent ou sa caricature sur les personnages qui entreront en scène dans ce nouveau paragraphe et les suivants.

Le flou des réveils perdait peu à peu son emprise, les objets, pot de fleurs, verres d’eau, meubles de plâtre, le bleu vieilli du bois de la fenêtre. Les sons réapparaissaient eux aussi, sourds comme trompette de jazz lugubre, comme après le boulet de canon, in utero. C’est le vent qui soufflait sous la porte, incessamment, comme une plage de synthé infini, une chanson de Dead Can Dance. Elle se rendit compte alors de cette forme humanoïde enfermée dans un linceul blanc de lin qui ressortait à peine sur le fond blanc cassé de la pièce, encore abasourdie, Siouxie se releva sur son lit, fixant l’humain, puis finalement se décida a poser la première question : où suis-je ?

– Ne stresse pas, tu es en lieu sur, personne ne viendra te chercher ici, personne ne vient à Astaffort, ni pour des vacances, ni en cadeau, c’est le bord du trou perdu du monde, plus ou moins.

– Qui êtes-vous?

– Tan tan, lalalala tan tsin… les yeux, l’encrier… tan tan lalalala… Oh, pardon, je suis en train de créer un poème, ça m’arrive parfois, mais je me soigne, et puis après je prendrai une guitare et ce sera pire, c’est qu’être troubadour, c’est une plaie. Mon nom est Francis Cabrel, fils de Cabrel et Cabrelle, de mon père j’ai la moustache et de ma mère la chevelure, mais vous pouvez m’appeler Cabrel tout court, c’est beau, non, entre Brel et cambrousse, ça sonne nature. Mais il faut que tu te reposes, créature d’ailleurs.

– Non, il faut que je parte chanter victoire… Ma blessure ? Je ne la sens plus.

– Ah oui, j’ai fait au mieux, plantes du bois, viande de lièvre des prairies, un peu de notre vin, on fermente et ça fait un baume génial, c’est réparé quoi.

– Merci, mais je ne peux rester. Le monde doit savoir !

– Dehors le monde meurt dans des bétons et des grillages, vient faire un tour dans la cabane du pécheur…

– ????

– Oui, j’ai une baraque au bord de l’eau, ça sert de thermes, ça te fera du bien, tu n’as rien à craindre, je suis chaste et je ne suis de personne, sinon de l’amour, encore et encore…

– T’es moine?

– Non, je suis surement un peu hippie, un peu villageois, niais, ingénu, rêveur… Ce sont aussi des pouvoirs, je ne suis pas con, je suis… humain.

Banshee tenta de se relever, la douleur lui opprima la mâchoire.

– Reste couchée, tu as besoin de repos, Je t’ai préparé une bonne 

tisane de menthe et d’herbes de mon jardin, cela te fera du bien, lui 

dit-il alors que des rayons de soleil transperçaient sa chevelure lionesque.

– Ça sent les champs illégaux ce truc, et… les herbes, normalement 

c’est vert, pourquoi c’est orange c’te purée, tu n’auras pas mis des 

denins là, non?

Sans remords, Siouxie mordait de son humeur maligne la main qui lui donnait à manger, la douleur lui ajoutait une dose d’agressivité qu’elle ne réprimait. Francis gardait un calme zen à l’épreuve des bombes, il avait survécu aux hécatombes ainsi, jusque-là.

– Ben vu les vociférations et insultes diverses que tu as proféré pendant ton sommeil, j’ai pensé qu’un peu de carotte… ça rend aimable, ett puis ça aide à bronzer, parce que toi, le soleil, ce n’est pas ton fort dis donc.

– Mais je suis née translucide moi, c’est ma marque, mon détail, mon logo et ça me va très bien comme ça, en plus ça colle avec le noir de mon uniforme… Qu’est ce que….

– Ah ben l’uniforme il est chez Emmaüs, fallait voir ça, tout déchiré, 

sué, plein de taches de sang, pas moyen de le laver, et coudre, je suis pas doué, les cordes de guitare oui, mais les cordes à linge, ouille, un vagabond en profitera, ici rien ne se perd. Du coup, j’ai déniché ce tablier dans l’armoire de ma vieille, les petites pâquerettes jaunes lui donnent un style frais à la part que commode, et puis pour te faire plaisir, j’ai dessiné sur la poche ton logo, j’avais pas d’encre sous la main, alors je l’ai puisé à l’encre de tes yeux, il y a du Rimmel pour vingt femmes du village, t’as vu le talent là, c’est de l’artisanat et du bon putain, pas de la manufacture. Bon après, j’aime ne pas farder, je fais avec les moyens du bord.

– Je retrouve ma voix peu à peu, bientôt je partirai annoncer au monde…

– Le monde, le monde est sourd bien entendu, il n’a plus de raison d’être, vous avez détruit chaque cité, village et forêt, rien ne vous a arrêté, il y a des hommes et femmes sous les décombres qui portaient des tee-shirts à vos effigies, laissez en paix votre voix, laissez-la en silence, du moins, le temps que vous resterez chez moi. Je crois franchement que les survivants s’en foutent de savoir si le bien ou le mal a gagné, le mal est fait.

– Ouuuuh, le monsieur paisible est agressif, pas de problème, dès que je renfloue ma cuisse, je me largue de ce trou du monde, j’ai passé ma vie à me battre pour éviter les douleurs du futur, les peines, l’esclavagisme, la soumission, la décadence et la tyrannie, on m’a fait ainsi, sinon j’aurai bien aimé n’être qu’une fifille avec un jolie brin de voix qui chanterait des goths dans des petits bars cools, voila comment on me reçoit, peut être que les méchants avaient raison, les mutants ne devraient vivre que pour leur race.

– Voila le problème, avoir passé sa vie à se battre, sans avoir, même avec cette superbe voix, su dialoguer, animal, animal, vous êtes animaux,  vous n’êtes pas prisonnière, ma maison n’a pas de porte, vous vous en irez quand vous le voudrez.

Un vrombissement (c‘est étrange et mignon à la fois un vrombissement, j’adore ce mot, vrombissement vrombissement vrombissement), enfin un ronronnement (moins chou) se fit entendre alors, de plus en plus proche. Cabrel s’approcha de la fenêtre, et murmura : j’entends tourner les hélicos, la fin est proche ici aussi..

Le ciel s’assombrit, on aurait dit que des cendres recouvraient Astaffort, Cabrel ne s’énerva pas, il se tourna vers Siouxie et lui ordonna d’aller à la dernière maison du village, chez Madame Bièvre, une femme de Morzine, en Haute-Savoie qui était venue vivre en paix ses dernières heures dans le Sud, elle la cacherait pendant qu’il éclairerait la situation. Bien qu’agressive, la pâle héroïne dut se résigner et sortit par la porte du jardin. Cabrel, lui, se posa tranquillement sur un banc fait de deux moellons et une poutre brute sous le porche de sa maison, inspirant un calme autour de lui digne de Jésus aux oliviers. Une walkyrie égosillée s’annonçait au nord, la folie de ses délires voyageait comme des brumes sur le gravier de la route, en éclaireur de sa terreur. Lentement elle s’approcha, semant ça-et-là des ombres de doutes et des mirages, des cauchemars, des maux, des illogismes effrayants, plus elle s’approchait, plus l’odeur du mal enflammée les lavandes. Dans des volutes vaporeuses, elle se présenta devant l’homme en paix.

– Humain, viens à mes pieds implorer clémence, vois, j’ai survécu et je reviens vivante et puissante finir mon travail, où se cache la merdouille qui a cru me soumettre, où est-elle ? Humain de rien, je viens faire de mon courroux la victoire totale, je viens ébranler les plaines, je viens bousculer les monts, je viens bruler les champs, je viens…

– Oui, bon, tu es venue et patati patata, super, cool, maintenant si cela ne te dérange, peux-tu te mettre un peu à gauche, le coucher de soleil sera magnifique ce soir, non, à ma gauche, pas à la tienne, enfin, là, oui, là, voila, tout doux, tout doux, il faut respirer profondément ces oranges du ciel, il faut s’abreuver paisiblement de cette légère chaleur, regarde, comme c’est beau.

Hagen se rendit compte que sans le vouloir, elle avait obéi, sa furie augmenta, un trente voir trente cinq pour cent.

– Humain, peste des pestes, exécrable insecte, tu oses me commander, tu vas connaitre mon pouvoir, tremble devant tes propres délires et folies, voici tes peurs semées dans ton cerveau de ridicule bête. Abaisse-toi et demande pardon, sinon, ma foudre te dissipera en poussière, dis-moi où se cache la translucide, ou demande l’extrême onction.

Il ne bougea d’un cil, rien, de pierre, de marbre, de nougat casse-dents. Elle fit quelques gestes (imaginez Kate Bush dansant) et des courbes se dessinèrent devant les yeux du sage d’Astaffort. Là apparurent des murs en béton couvert du plus triste gris, des bouchons de trafic, des pauvres chassés de leurs demeures, des maladies que les peaux ne cachaient, des gros mots, des lumières artificielles, des couples se battant, des enfants aux ventres béants… Comme ces publicités des verts de campagnes électorales. Cabrel fronçait les sourcils, mais son âme restait de pierre, la magie urbaine semblait ne pas le traverser. La vierge folle montait à l’apogée de son pouvoir, elle qui avait dérouté des demi-dieux en les inoculant des faiblesses humaines, elle qui avait vaincu des maestros en leurs inculquant les trous de mémoires, ne trouvait de faille ni de phobies qui troublent un tant soit peu l’homme assis. Elle montra des diables vêtus d’avocats, des démons habillés comme des banquiers, des trolls taillant forêts et tables, jusqu’à l’exténuement, jusqu’à tarir son pouvoir dans une inutilité cette fois-ci trop cruelle pour elle, elle s’affaissa enfin, les genoux à terre, leva les yeux et regarda le sage.

– C’est tout, vierge folle, c’est tout ce que tu possèdes, vois-tu, je suis plus riche, plus puissant, plus fort, plus sain et plus heureux, tu n’es qu’une poussière, comme nous le sommes tous.

– Comment as-tu fait, j’ai déchainé tous les maux, toutes les peines, et tu ne t’es pas dépeigné, jamais on ne m’a gagné ainsi.

– C’est pourtant simple, tout ce que tu m’as montré, tout ce mal, a déjà était fait, depuis longtemps, les arbres morts, les enfants affamés, les banquiers, il y a dans le trop plein un équilibre, une usure, qui ne touche plus tant il est commun, je t’ai gagné parce que tu n’est aucune nouveauté, tu ne surprends pas, tu ne fais plus mal, tu es déjà histoire de l’histoire, il y a longtemps que le monde se tue, je n’en ai plus peur.

– Je te maudis pauvre humain, je te maudis tant je suis vaincue, soit, je m’en irai, j’étais venue chercher la pouffiasse pâle qui a osé penser m’avoir gagné, mais à quoi bon, il est temps que j’aille mettre de l’ordre dans ma famille si elle veut encore de moi.

Elle allait se retirer quand un craquement sourd cingla sa nuque, un cri congela ses cervicales qui se rompirent comme verre, Banshee était sortie de sa cachette et profita du moment pour asséner le coup mortel, la vierge s’écroula, sans respiration, morte et plus que morte.

-Youpiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, je l’ai eu, c’est moi que j’ai gagné youhouuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !

Elle commença à danser dans des spasmes nerveux, puérilement, gauchement, dégrainant des merveilles de sa gorge, heureuse comme jamais. Cabrel soupira, se leva lentement et se pencha sur le cadavre à qui il ferma les yeux, il passa sa main sur son front dans un geste de peine immense et de déroute, puis il leva les yeux et regarda Siouxie dans sa danse, il l’interrompit d’un cri aigu. IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII (Ré soutenu)

– Arrête, ne vois-tu pas que nous avons tous perdu, c’est une femme paisible que tu viens de tuer, c’est une femme qui s’est quittée l’uniforme, qui s’est quittée la haine et l’ambition, oh c’est toi le mal, c’est toi le vilain, où est ton bien, où est-il ? Va, va leur dire puisqu’il faudra leur dire, qui tu crois qui a gagné, à ceux qui respirent encore sous les hécatombes, va, et ne reviens jamais, ce village saura vivre sans toi, il saura regarder les couchants, c’est là sa gloire, son combat et sa victoire, regarder chaque soir un coucher, et chaque matin un lever. Je rentre dans ma maison, où est la tienne ?

– La peau de Siouxie s’obscurcit ses veines virèrent au noir, la joie disparut, la vie s’enfuit au dernier battement de cœur, c’est lourde qu’elle s’envola, lestée du pétrole de son cœur, sans cœur pour chanter, silencieuse, moribonde, à jamais muette, lugubre et seule, effrayée de ce qui lui restait à vivre.  


© Guillaume Mazel


* Days of future past, merci qui ? Merci Marvel.

Publicité