Modern Men – Anéantir le monde moderne (EP).
De l’inimitable Catalogue de l’Homme Moderne aux Allemands chevelus de Modern Talking, l’histoire nous a souvent prouvé que l’usage de ce qualificatif pouvait s’avérer abusif, voire trompeur. Parfois, comme l’écrit Agnès Gayraud aka La Féline : « moderne c’est déjà vieux ». Pas de risque d’embrouille ou d’usurpation de contemporanéité ici : les Modern Men, dont les morceaux surgissent depuis quelques mois avec une régularité digne des manifestations de colère qui envahissent le pays chaque semaine, conjuguent bien leur synth-post-punk-indus-wave au présent. Concassant leurs totems et leurs influences à coup de barre à mine pour mieux reforger des morceaux comme autant d’ogives à balancer sur nos cerveaux anesthésiés, Adrian (MNNQNS) et Quentin (Sunddunes, Greyfell) composent la bande-son idéale d’un chaos presque quotidien. Éructations hardcore, beats épileptiques, giclées new wave, parpaings métalliques, échos synthétiques : XX à this shit should be mine Modern Men nous soumet à une intense séance d’électrochocs soniques. Mais les deux furieux sont bien trop intelligents (et bien trop musiciens) pour se contenter de brûlots bruitistes : Anéantir le monde moderne nous envoie aussi à la tronche de vraies chansons portées par d’implacables mélodies énervées. Le monde moderne à encore de la ressource et ne sera probablement pas anéanti par ce nouvel EP qui peut néanmoins vous aider à passer vos nerfs sans risquer de vous faire éborgner par un tir de LBD.
© Matthieu Dufour