5 coups de coeur 2019.
Pas de top mais 5 coups de coeur parmi tous les (bons) disques écoutés cette année, des disques touchants, surprenants, singuliers qui tombent toujours à pic pour me rappeler pourquoi je me suis lancé dans l’aventure Pop, Cultures & Cie : une quête d’émotions fortes et une envie de partage.
Il y a d’abord Buxton Palace Hotel, le sublime disque de James Leesley aka Studio Electrophonique : un chef d’oeuvre de minimalisme, six morceaux merveilleusement bien écrits et terriblement touchants. Tout est beau, subtil, émouvant, et si Leesley donne dans l’économie de moyens, le disque est d’une générosité totale. Un coup de maitre pour la première sortie post-Michael Head des excellents Violette records.
Extrait de la chronique : « Six morceaux seulement, juste assez pour étancher notre soif de frissons et éviter le titre de trop. Six morceaux chuchotés par un artisan à la classe folle et terriblement touchante. Six morceaux composés avec soin et interprétés avec une économie de moyens tellement rafraichissante. Moins mais mieux comme ils disent. Six morceaux déjà gravés dans le marbre fragile de nos peaux fatiguées. Six morceaux de chevet comme un recommencement. »
Tout en haut également, l’album de Geysir, Malsamaj. Là aussi, un disque venu d’ailleurs. Une électro généreuse, hyper touchante. Avec le Studio Electrophonique, c’est l’album qui aura généré le plus de réactions fortes autour de moi. Un magnifique voyage par de beaux artistes. Vivement la suite.
Extrait de la chronique : « Il y a quelque chose de physique dans l’émotion procurée par cette musique qui touche en plein cœur, comme si les signaux électriques de ces vieux synthés analogiques venaient piquer notre chair pour nous réveiller d’une nuit trop longue, nous sortir de notre torpeur quotidienne pour nous montrer qu’un autre chemin était encore possible au milieu de cette routine morbide qui a pris possession de notre monde. Profondément humaniste, la musique de Geysir laisse à chacun d’entre nous la liberté de s’y mouvoir au gré de ses humeurs, de ses souvenirs, de ses moyens du moment. Vivante et intelligente, elle est souvent bouleversante. »
Skin Is The Limit de Breaking The Wave est un véritable et gros kif musical : libre, jubilatoire, il explose les limites de la composition en explorant des territoires vastes et sauvages. Un disque plein de morceaux qui rendent dingue, comme ce Wave Invades totalement démoniaque…
Extrait de la chronique : « Que dire de Skin Is The Limit, le dernier album de Breaking The Wave (Matthieu Malon + Joseph Mars), si ce n’est qu’il s’agit peut-être du disque le plus jouissif de l’année ? Libre et foisonnant, Skin Is The Limit est une grenade électro-pop-rock dégoupillée à la face des pisse-froids et autres casse-couilles du quotidien, une arme de sensations massives à la trajectoire folle et imprévisible, une course contre la montre effrénée, une fusion bouillante de sons, sensuelle, dense, complexe et pourtant immédiate. »
L’album des Chemical Brothers m’a aussi cueilli alors que je ne m’y attendais pas. Après quelques années d’éloignement, j’ai replongé avec délice dans cette électro hédoniste et jouissive. A tel point que j’ai eu l’impression de voyager dans le temps et de me retrouver à Londres en 95.
Extrait de la (non) chronique : « Des ombres détrempées s’éloignent en tremblant dans le jour levé, les mains emmêlées, le souffle court ; elles rattrapent sans peine des corps collés, des pantins désarticulés en équilibre sur la ligne de crête de leurs lueurs tenues. Les rues bruissent du murmure des lèvres descellées ; on croise des sourires figés, des mains emmêlées, des regards fixés sur l’horizon de la ville encore endormie. Les silhouettes vacillent dans l’air embrasé. Best nuit ever jusqu’à la prochaine. J’avance au ralenti, tentant de faire durer encore un peu ce moment béni. Une dizaine de mètres derrière la bande je cherche Émilie. Je ne la trouve pas. Les taxis ont entamé leur sombre ballet tels des corbillards venant d’embarquer les derniers espoirs d’une poignée d’âmes égarées. Elle est probablement à l’intérieur de l’un deux. Serrée contre un autre corps. Demain soir je serai là. De nouveau. Avec Amélie, Laurent, Elaine, Cyril, Fred et tous ces inconnus. De retour. En attendant la chute. »
Mon dernier coup de coeur n’est pas vraiment un album de l’année puisqu’il s’agit du fabuleux (et un peu maudit) Eden d’Étienne Daho, enfin sorti dans sa version « deluxe ». Je suis à chaque fois épaté (et enchanté) par le travail que Daho effectue en allant chercher maquettes, démos, mix divers et variés, reprises, duos, inédits. Penchez-vous par exemple sur le niveau des démos où, la plupart du temps, tout est déjà là, notamment la mélodie vocale. Une tournée d’une vingtaine de dates couronne cette réédition, une soirée magnifique à La Philharmonie le 11 novembre, une autre à venir à Pleyel la semaine prochaine et encore une à L’Olympia en janvier : miam ! Eden méritait bien ça…
© Matthieu Dufour
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