Italoconnection – midnight confessions Vol. 1.


Chaque année c’est pareil. Il faut rentrer, nous remettre à l’endroit, reconnecter nos neurones alanguis, remiser lin, tongs et espadrilles au fond des placards. L’été n’est pas encore passé mais les signes précurseurs du prochain équinoxe s’impriment déjà en filigrane sur nos rétines, tels des messages subliminaux émis par les séides du grand capital pour nous faire à nouveau filer droit. Pourtant, tout en nous, et autour de nous, regorge d’envies et de signaux contraires. Ce goût des autres, ce désir exacerbé de contacts. Cet implacable besoin d’une sieste à l’ombre des cyprès. Ces gens au ralenti dans les rues, le sourire encore assumé. Les clins d’oeil du verre du Spritz, la rythmique des glaçons qui accompagne le chant des cigales. Nos chairs shootées à la vitamine D et nos coeurs chavirés par la moindre effluve, réminiscence de corps à corps iodés, de tête-à-tête agrumés. Nos esprits égarés sur des chemins de traverse et nos rêves échoués quelque part entre Rimini et Riccione. Alors nous hydratons nos peaux et nos gosiers pour nous donner l’illusion que la saison se conjugue encore au futur. Nous tardons à vider nos sacs. Nous swipons machinalement les photos sur nos smartphones. Nous remettons à plus tard nos résolutions hésitantes. Nous prolongeons les soirées sans raison. Nous zappons sur les ondes sans conviction jusqu’à tomber sur le morceau qui nous ramènera quelques jours, quelques semaines en arrière. Quand nous avions encore le temps et les nuits devant nous. Faisant remonter du même coup les saveurs amères de ces occasions ratées ou au contraire, le goût sucré de cette langue complice.

Ce morceau mettra parfois du temps mais il arrivera. Ce sera l’irrésistible Rainbow Warrior ou l’évident Humans, le réjouissant The Year of the Sun ou le sautillant All I Want is You. Vous choisirez selon l’heure, celui qui colle le mieux à vos humeurs et il y a peu de chance que vous tombiez mal. L’album d’Italoconnection est le disque idéal pour basculer sans trop de dommages et de plaies d’une saison à l’autre. Gorgé de soleil et d’amour, Midnight Confessions Vol.1 (chez Bordello A Parigi) porte haut et fier les couleurs d’une musique qui n’a jamais abdiqué devant le musicalement correct, qui n’a jamais renoncé à faire danser les âmes mélancoliques et les corps tremblants au son des synthés et des boites à rythmes vintage. Les deux pieds dans le sable chaud d’un été insolent, la tête dans le clair-obscur d’une passion improvisée, les chansons d’Italoconnection laissent entrevoir derrière les rideaux de lumière bariolés les prémices d’un inévitable changement de saison. Alors il faut profiter encore et encore. Repousser l’échéance. Aimer et danser. S’enivrer d’étoiles et de corps. Accompagnés d’artistes talentueux (Étienne Daho, Tobias Bernstrup, Carino Cat, Francesca Diprima), Fred Ventura et Paolo Gozzetti suivent leurs propres règles et nous proposent un voyage sensuel et euphorisant tout au long de ces huit titres qui sonnent déjà comme des classiques. Comme les tubes de ces quelques semaines occupées à lâcher prise au bord d’une mer lumineuse et inflammable. Accueillante et bienveillante, mais n’ayant pas peur de s’aventurer dans ses zones d’ombre ni de défendre ses valeurs, la musique d’Italoconnection est le remède idéal contre le spleen qui pointe son nez. Une lueur d’espoir. Mais je dois néanmoins vous prévenir, vous avertir du danger qui vous guette. A l’image du très contagieux Virus X et du featuring de haute volée de l’alchimiste Daho (qui en ce moment transforme chacune de ses collaborations en or massif : Oh! Pardon tu dormais… avec Birkin, Je n’écrirai plus si souvent avec Marquis), les risques de contamination sont réels à tout âge, même en respectant les gestes barrières. Et a priori, aucun vaccin à l’horizon… Du moins pas avant le prochain été.


© Matthieu Dufour



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