Chronique – Belle Arché Lou – Seeking Solace.

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J’ai fréquenté la beauté, mais moi je veux la garder. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de cette beauté ostentatoire, vulgaire et prétentieuse, celle qui s’affiche en 4×3 sur les murs encombrés de nos villes, qui annonce son arrivée à grand renfort de trompettes, de courtisans et de superlatifs, pas plus que la beauté de la gloire éphémère ou d’une quelconque ivresse, cette beauté maquillée, photoshopée, trafiquée, cette beauté laide et bruyante, cette beauté indigeste, écœurante.

Non la beauté de la musique de Belle Arché Lou est simple et pure, elle est de celle qui ne le sait pas, qui n’a pas conscience de son immense beauté, de son pouvoir, c’est la beauté de l’enfance, celle des fêtes mystérieuses dans des forêts perdues, c’est la beauté des aubes à peine entamée, quand le silence est encore musique et pas encore bruit, la beauté des bords de Loire au coucher du soleil, des golfs clairs, des falaises découpées sur le pastel de la mer, c’est la beauté du courage inutile, la beauté naturelle de la poésie qui s’ignore, celle d’un baiser doux et chaud, c’est la beauté évidente, qui s’impose, dans sa nudité. C’est une beauté qui n’a pas besoin de mots pour exister, pas besoin d’images, c’est la beauté pour tous, mêmes ceux qui ne savent plus voir, c’est la beauté de la liberté, de la découverte et de l’aventure, c’est la beauté de l’amour, de notre capacité à nous émerveiller encore chaque jour, c’est un chaos inversé, un état de silence, la beauté des laconiques, des taiseux, une contemplation, une méditation consciente. C’est la beauté des étoiles et d’un ciel dégagé, c’est la beauté de nos soirs souriants, de nos nuits rêvées, de nos jours vagabonds. C’est la beauté de la courbe de ton épaule dénudée, de tes cils qui battent au ralenti, de tes lèvres qui forment les mots que l’on murmure, de nos rires complices, de cet enfant qui dort. C’est la beauté de ce dialogue entre la guitare caressante, maternelle et le vibraphone perlant, fraternel d’Alexis et Wesley Paul. C’est la beauté contre la tristesse. Une musique « pour détruire le chagrin du monde ». C’est la beauté accueillante d’une musique qui s’ouvre aux autres, à l’écho la voix de benoit Pioulard qui vient nager avec grâce au milieu de ces flots limpides et chauds, au doudouk élégant mais déchirant de Hrair Hratchian, pour chavirer nos coeurs au bord du précipice. Leur musique a la beauté de tous les matins du monde, ce monde qui s’éveille encore malgré la pénombre persistante.

Quand la musique est ainsi faite, il n’y a pas de meilleur remède contre la folie dévastatrice des hommes, les échos sanglants des guerre et du chaos, l’ivresse des sommets ou du pouvoir, la vulgarité, les tourments d’une vie qui rend amer, aigri, les maux, petits ou grands, intimes et universels. La musique de Belle Arché Lou est ainsi faite. Belle et précieuse, un refuge, un abri loin de l’inhumanité des hommes.

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