Pauline Drand, âme fatale.

Photo by Jérôme Sevrette
Plus de chroniques donc.
Mais impossible de passer sous silence ce bel EP. Vous lirez dans toutes les bonnes boutiques du web tout ce qu’il y a à savoir sur la mise en musique de ces quatre poèmes de Karen Dalton par Pauline Drand, alors je n’en ferai pas trop.
Je voulais juste vous dire deux choses, chère Pauline. Tout d’abord, bravo pour cette parenthèse inattendue. Prendre les chemins de traverse, choisir la fugue avec cet EP surprise alors que votre album est attendu avec impatience, est plutôt gonflé et preuve d’une sagesse et d’une liberté rafraichissantes. À l’heure où tout le monde va trop vite, je trouve ça délicieux d’avoir envie de faire l’école buissonnière.
Ensuite et surtout vous dire l’émotion intense à l’écoute de I see beauty. 2 minutes d’une beauté précieuse, pure et simple. L’une des plus merveilleuse chansons entendue depuis très longtemps. De celles qui font monter larmes et frissons, de celles qui donnent envie d’y croire, de chercher encore sous la crasse et le mensonge. De se dépouiller, d’abandonner le superflu, l’inutile, le vain.
Ce qui m’avait frappé chez vous Pauline, à la première écoute, c’était cette fascinante capacité de faire surgir tant d’émotions et d’images avec si peu de moyens apparents. Et aussi l’impossibilité de donner un âge à cette voix qui racontait avec une lucidité aiguisée et un recul étonnant des choses que cette jeune fille ne pouvait pas connaitre. A moins d’être l’une de ces âmes anciennes. De posséder cette maturité qui n’a pas de prix. Pas celle qui inhibe, non celle qui au contraire libère et inspire. Vous faites partie je crois, de ces âmes qui ont voyagé à travers le monde et le temps. Qui ont déjà vécu tant d’histoires, de joies et de défaites, de désillusions et d’intenses jouissances. Ce mélange rare de vérité cruelle et de sagesse apaisée. Âmes folles, âmes fortes, âmes usées, âmes gâtées, âmes hantées, ces âmes qui traversent les frontières inventées par l’homme pour chanter, pour charmer, pour envoûter. Vouées aux gémonies ou adorées, brûlées vives sans préavis ou hissées sur un piédestal, même séparées trop tôt de leur sœur, elles n’ont jamais abandonné leur quête du vrai, du beau. Alors une fois encore, merci.
À Pauline Drand, âme fatale.
© Matthieu Dufour
Pingback: 5 filles dans le vent – Mini Playlist – Mai 2016. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: 10 chansons pour 2016. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Pauline Drand – O’Gib – 20 octobre 2018. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Pauline Drand – O’Gib – 20 octobre 2018. | l’Araignée, la radio