Chronique – Mira Cétii – Persée (EP).

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Mira Ceti est une une étoile variable dont l’éclat peut varier de 3 à 8 magnitudes et dont on ne sait expliquer précisément les pulsations. Un jour visible à l’oeil nu, quelques semaines plus tard indétectable ou presque. Depuis des siècles, elle fascine les astronomes qui ne se lassent pas de l’observer pour tenter d’en percer les mystères.

Aurore Reichert est Mira Cétii.

Coïncidence ?

Je ne crois pas.

Plusieurs mois déjà que l’ami Jean Thooris a vanté à juste titre les grands mérites de cette musique passionnante, bien plus riche et aventureuse que la moyenne des productions hexagonales. Plusieurs mois que je reviens régulièrement aux 6 titres de Persée(deuxième EP d’une trilogie) qui dessinent patiemment une nouvelle géographie musicale composée d’ambiances mystérieuses, à la fois glaciales et solaires. Régulièrement, l’envie de partir à l’aventure me reprend, l’envie d’attaquer ce sentier dont je ne perçois pourtant pas le bout, l’envie de débusquer ce col caché dans un brouillard teinté de pourpre, intrigué mais serein à l’idée de traverser cette forêt monochrome et visiblement hantée. Plusieurs mois que je ressors de ces multiples écoutes tour à tour touché, sonné, intrigué, charmé. Toujours épaté. Comme un réveil dans des draps encore électrisés par les ébats des premiers émois. À la fois excité et déjà inquiet. La musique est belle quand elle mobilise tout ce qu’il y a d’encore vivant en soi.

Tout au long de ce dense EP, la talentueuse auteur-compositeur-interprète n’en fait qu’à sa tête et décline sa poésie singulière dans un univers complexe mais accessible, sur une musique savante mais émouvante, tendue mais apaisante. La maitrise n’est belle que quand elle autorise la prise de risque, le lâcher-prise, la liberté de créer sans autres contraintes que celles que l’on se fixe soi-même.

A l’instar de cette génération d’artistes féminins qui tracent leur chemin sans trop se soucier du marketing, de la hype ou de l’appartenance à une chapelle (d’Eskimo à Léopoldine HH par ne citer qu’elles), Aurore Reichert souffle le chaud et le froid sur une musique audacieuse qui mérite vraiment que l’on prenne le temps de s’y attarder pour tenter d’en percevoir toute la richesse, toutes les nuances. Comme les astronomes à la recherche des mystères de Mira « la merveilleuse » Ceti.

A suivre donc…


© Matthieu Dufour