ITW December Square
A quelques heures du lancement officiel de la toute nouvelle « Maison de musique » December Square, entretien avec deux de ses fondateurs : Pierre Welsh (OAKS) et le graphiste Pascal Blua.
Comment est née l’idée de December Square ?
PW : Au départ, le projet consistait à créer une structure destinée à soutenir les groupes OAKS et Sévigné. C’est en échangeant un peu par hasard avec Pascal et Emmanuel Tellier (avec qui j’ai joué dans Chelsea et Melville) que nous avons commencé à réfléchir à quelque chose de plus ambitieux : regrouper des artistes autour d’une vision commune, avec la conviction qu’il y a de la place pour une culture indépendante de qualité. Passées les premières soirées d’échanges enthousiastes et foisonnants, les choses sont allées très vite : annonce de la création de December Square à la Release Party de Oaks le 18 Mai au Zèbre, premiers contacts avec des artistes au printemps, mise en place de toute la structure et des visuels pendant l’été. December Square est officiellement lancé ce 15 Septembre.
D’où vient le nom ?
PW : L’idée de Square est venue rapidement, l’incarnation par un lieu qui est à la fois un espace de rencontre et de passage, une sorte de parenthèse dans la ville, nous plaisait bien. Alors que nous tournions autour de cette idée, j’étais assis avec le chanteur de Sévigné en face d’un tableau reproduisant la très belle pochette de l’album December Children, des Stones, et nous avons eu le déclic : décembre, le mois du passage d’une année sur l’autre, le mois de la fête, de la nostalgie et de l’espoir, le seul mois qui à lui seul incarne le présent, le passé et l’avenir… L’alliance des deux mots évoque quelque chose d’assez poétique, une sorte de mélancolie joyeuse. C’est comme ça que December Square est né.
Et puis, il y a aussi la référence aux Décembristes, ce groupe de jeunes révolutionnaires romantiques russes du XIXe…. Mais ça, c’est venu après.
Qu’est-ce qui peut bien pousser à monter une nouvelle structure musicale dans le contexte actuel ?
Dans un monde de surproduction culturelle et de consommation névrotique et digitalisée, il y a besoin d’avoir des créations indépendantes, qui gardent cet esprit d’artisanat qui aura toujours sa place. Nous voulons à la fois revenir à la source de ce qui a fait cette musique que l’on aime, et à l’attrait tactile pour l’objet quand il est beau, que la création est soignée, élégante et sincère. Et d’un autre côté, être déjà dans le monde d’après-demain, en utilisant les techniques les plus avancées de la digitalisation, comme la plateforme Groover. C’est une approche rétro-futuriste, en quelque sorte…
Enfin, nous avons aussi le désir de faire naître des événements originaux autour des artistes, des concerts, mais aussi des formes moins conventionnelles (on ne peut pas en dire plus aujourd’hui).
C’est quoi une « Maison de musique » ?
En utilisant le terme de « maison », nous avons souhaité mettre l’accent sur l’esprit créatif, artisanal et indépendant de notre démarche. Comme une maison de couture, nous souhaitons faire du sur-mesure pour chacun de nos artistes, s’adapter à nos ambitions communes, porter et soutenir des créations « originales », mais aussi créer des collections (de musiques instrumentales, d’albums thématiques, d’événements, etc.).
La musique est au cœur de notre démarche et nous nous positionnons au point de croisement entre les univers du son, de l’image et du mot. Notre souhait est de donner vie à des projets dont la musique est le dénominateur commun mais dont les formes d’expressions peuvent être différentes (albums, documentaires, édition d’ouvrage, performances, etc.). Nous ne sommes donc pas une « maison » de disques !
Pouvez-vous présenter December Square ?
PB : December Square est une structure souple, réactive qui a pour vocation de se mettre au service des projets que nous portons. Dans ce cadre, les artistes associés sont parties prenantes dans la vie de la maison. Nous sommes à l’écoute de leurs projets et organisons de manière interactive leurs réalisations dans les meilleures conditions possibles, artistiques avant tout et évidemment financières, selon les moyens que nous pouvons y consacrer.
L’équipe de base est constituée de trois artistes résidents, Pierre, Romain et moi et d’artistes associés, comme Emmanuel Tellier et d’autres à venir ! Pour ma part, en tant que graphiste, je suis en charge de notre identité visuelle et je coordonne et organise les échanges entre nous tous. Pierre, Romain et Emmanuel sont avant tout porteurs de leurs projets mais ils prennent part à toutes les orientations et décisions, qui sont donc par essence, collégiales.
Pouvez-vous nous parler des premiers projets prévus ? Des dates de sortie ?
OAKS a publié au printemps son deuxième album qui est très bien accueilli. Ils seront d’ailleurs en première partie de The Posies à la Maroquinerie le 9 octobre prochain. Nous annoncerons prochainement des projections en avant-première du documentaire d’Emmanuel Tellier, qui sera accompagné par la publication de la bande originale de son film à paraitre sur December Square. Le groupe Sévigné travaille sur son premier album et nous serons bientôt en mesure de vous révéler nos premières signatures.
Et pour la suite, une idée du rythme, du type de projets ?
Je crois que ce sont les projets que nous rencontrerons qui nous permettrons de rythmer nos réalisations. Rien n’est pour le moment vraiment programmé au-delà de l’année 2019. Nous ne voulons pas nous éparpiller mais nous concentrer sur le soutien et le développement dans le temps des projets dans lesquels nous nous engageons.
Un mot sur la soirée du 15 septembre ? Quel est le programme ?
Nous organisons cette soirée pour fêter le lancement de notre « Maison de musique ». Nous y avons invité des artistes que nous aimons et soutenons. Matthew Edwards fait le voyage de Birmingham pour un set acoustique solo où il nous jouera sans doute quelques chansons de son nouvel album actuellement en préparation. Emmanuel Tellier nous fait l’honneur de dévoiler en avant-première un extrait de son documentaire La Disparition d’Everett Ruess à paraître très prochainement sur December Square. Et pour poursuivre la soirée, Orouni nous offrira un DJ set autour de la musique sénégalaise. Cette soirée, baptisée A Moment with… est la première édition d’une « collection » de moments particuliers que nous organiserons autour d’artistes et de lieux différents.
Merci December Square !
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