Chronique – Arman Méliès – Vertigone (by Greg Bod).

Arman-Méliès-Vertigone-Album

Bêtement humain, juste humain… Une des déclinaisons, une des infimes variations de ce que c’est que d’être humain, de se confronter aux autres, d’entrer en résonance avec le monde.

Etre sensible, multitude éparse d’une identité, voilà à quoi je vous convie dans ces quatre chroniques à venir.
Car un être est entier et plein, facettes à contre-jour, car la monochromie ne peut être complète, car il nous faut des chasseurs d’occasions comme disait Dubuffet.
Ces chasseurs d’occasion glissent dans  ces fêlures entre les mots, qu’ils s’appellent Filip Chretien, Pascal Bouaziz, John Trap ou Arman Méliès, ils sont la traduction de nos esquives.
Bêtement humain, juste humain… Fragile esquisse, méandre filandreux.
Ouvrir son corps et entrer en empathie avec l’ange qui passe, saisir dans son filet l’idée qui dérape.
Travaillant et malaxant la matière musicale d’albums en albums, Arman Méliès revient avec un cinquième album, Vertigone Vertigo, vertiges, gone, pourtant le vertige est là. Arman Méliès n’est jamais là où on l’attend.
Quand dans AM IV, il nous baladait dans un monde électronique désincarné, froid et pourtant tellement attirant…
Ici, ce qui frappe dès les premières écoutes, c’est un lâcher-prise dans la voix et le chant, une soif de lyrisme.
Lui qui cite à l’envie cette phrase de Dylan, « Je suis né très loin d’oùu j’aurai dû être, et je suis sur le chemin du retour. »
Lui qui ne change rien dans ce qu’il est mais qui déstabilise les angles, qui dérègle les boussoles et les amers pour nous faire à nouveau ressentir les vertiges des profondeurs.
Des origines incendiaires qui constamment nous font brûler à petit feu aux effrois inédits de Fort Everestpour finir aller s’égarer dans le lit asséché de la rivière enfin libérée.
Arman Méliès ranime une certaine idée d’un folk luxuriant tant en arrangements où la part belle est offerte au saxophone (instrument bien trop négligé dans la pop d’aujourd’hui mais qui semble revenir enfin, on pensera au Sun Kil Moon de Benji et de Ben’s my friend).
Dans cette mélancolie soyeuse, dans cette rusticité affirmée, dans cette rage tranquille, dans ce refus de choisir entre folk et pop, vous croirez parfois entendre la flamboyance de Kurt Vile ou de The War On Drugs.
Mais comme Arman Melies n’est pas avare de paradoxe, vous y croiserez également un Tessa tout en fulgurance électronique, jamais très loin d’un Moroder enfin humain.
C’est ce même Arman Méliès qui a un jour travaillé avec Alain Bashung qui nous manque tant… Rien de surprenant donc à croire ressentir les ombres du grand Bashung période Osez Joséphine dans les galops des Chevaux du vent fou quand Olympe (à la mort) semble faire jaillir un Christophe acoquiné au Steven Wilson de Porcupine Tree ou de No Man.
L’on gravit les montagnes à sa suite, l’on ramasse quelques pierres que l’on jette à la face des volcans, à la face des soupirs souffreteux.
L’on rit de se voir rire, l’on rit de voir l’autre s’effondrer.
L’on rit de voir l’autre s’embraser, l’on rit de voir l’autre plonger dans le vertige

Retrouvez Arman Méliès Dans un cycle d’émissions  consacrées à son travail dans Le Cabinet des curiosités sur Radio U.

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