Interview – Frank Darcel (Marquis).
European Psycho, premier extrait d’Aurora.
Frank, peux-tu nous en dire un peu plus sur les deux titres qui sortent le 23 octobre, premiers extraits de Aurora, l’album à venir de Marquis ?
Les deux titres du maxi sont European Psycho et Le voyage d’Andrea. Sortir European Psycho en premier était important, parce que c’est Simon Mahieu qui est au chant et qu’il est le chanteur de Marquis, mais aussi parce qu’il n’y a que Xavier Géronimi comme invité sur le titre, et Xavier était déjà avec nous lors de la reformation de Marquis de Sade. De fait, European Psycho est un morceau plutôt direct, et proche de ce qu’on pourra faire sur scène, même si on ne sait pas encore qui tiendra la deuxième guitare en live. Le morceau marque une cassure avec Marquis de Sade tout en conservant certains fondamentaux du groupe : beaucoup de guitares, jouant parfois à la limite de la dissonance, et cette rythmique, avec Éric et Thierry, tendue, teintée d’urgence. C’est également un titre où l’on peut apprécier les qualités vocales de Simon, autant que sa totale implication dans le projet.
Le voyage d’Andrea est un instrumental dans la veine de Submarines and Icebergs, qui clôturait Rue de Siam, et c’est l’hommage du groupe à Philippe. Là aussi peu d’invités, sinon Yann Penn aux claviers.
L’album est dans la boite ? Vous êtes contents du résultat ?
L’album est terminé oui, et cela aura pris trois ans entre les premiers enregistrements de novembre 2017 au studio NDE en Trégor (avec Sebastien Lorho et Eric Cervera aux manettes) et ce moment, la semaine dernière, où le mastering de Chab a été finalisé. Il sortira fin janvier 2021. Nous sommes très heureux du résultat et, au-delà du strict aspect artistique de l’album qu’il appartiendra aux auditeurs et aux journalistes de juger, ce disque raconte une longue histoire : celle de musiciens rennais qui rêvaient, à la fin des années 1970, de sonner différemment de ce que le rock français proposait jusque-là ; des jeunes gens en passe de devenir modernes, influencés par ces disques qui nous arrivaient de New York.
Cette bande d’accros au Velvet, à Père Ubu, à Television ou encore aux Feelies, comptait dans ses rangs, en dehors des musiciens de Marquis de Sade (qui furent nombreux), Etienne Daho, Richard Dumas et des groupes comme Frakture et les Nus. Aurora raconte cette saga et clôt un cycle en quelque sorte, en rendant hommage à Philippe bien sûr, qui nous a quittés pendant l’enregistrement et à Domnic Sonic, qui a participé à ce disque avant de partir lui aussi. Mais dans Aurora se rejoignent également ces artistes qui nous avaient donné envie de tout plaquer au sortir de l’adolescence pour nous consacrer à la musique : Ivan Julian, guitariste de Richard Hell, Richard Lloyd, guitariste de Television, James Chance ou encore Dirk Polak, chanteur de Mecano, ce groupe hollandais contemporain de Marquis de Sade.
Pour que la fresque soit entière, Etienne, dont nous avons enregistré le premier album, chante un titre Je n’écrirai plus si souvent, lui aussi dédié à Philippe. Christian Dargelos, membre fondateur de Marquis de Sade, interprète Holodomor, titre sur lequel Sergei Papail, chanteur de Frakture et ancien bassiste de Marquis de Sade, assure les chœurs. Marina Keltchewski, qui avait fait la première partie de Marquis de Sade avec son groupe lors du concert de reformation au Liberté en 2017, chante en duo avec Simon sur Brand New World. Daniel Paboeuf, invité permanent de Marquis de Sade, est là lui aussi. Au même titre que d’autres amis américains, belges et bretons. Et Simon bien sûr, qui permet au projet d’exister, offrant par là-même un avenir à Marquis.
© Lussio di Rosa
Quelles sont les thématiques de l’album, les sources d’inspiration ?
J’ai écrit la plupart des textes et les sources d’inspiration sont puisées en partie dans l’air du temps : nos civilisations au bord du collapsus. En cause ce dérèglement des cycles naturels et l’effondrement des systèmes de valeurs que l’on imaginait jusque-là partagés ou au moins compris par une grande partie des habitants de la planète.
Hegel a dit « La raison gouverne le monde », cela a sûrement été vrai par intermittence… Et peut-être en cours à nouveau après la deuxième guerre mondiale et la défaite de l’Axe, puis le début de la décolonisation. Ensuite, pendant l’opposition entre les deux blocs, chacun avançait ses pions avec des éléments entendables par tous, même si bien sûr ce n’étaient souvent que des mots. Mais on se référait tout de même à des valeurs dites de progrès, le bloc atlantique évoquant la liberté et la démocratie, quand le bloc soviétique rétorquait « défense des intérêts du peuple ». Et les non-alignés avaient eux aussi un discours qui semblait reposer, au moins en apparence, sur des valeurs humanistes.
À la fin du vingtième siècle, on aurait même pu croire à l’avènement de ce monde enfin raisonnable : chute du mur en 89, fin de l’apartheid en 91, incidemment retour des démocrates à la Maison-Blanche en 93, jusqu’à la rencontre de Camp David de 2000 où l’on a l’impression qu’Israéliens et Palestiniens essayent de sortir de l’impasse.
Mais la négociation est finalement un flop. Viennent ensuite, sans que ce soit forcément lié, le 11 septembre et la réponse pour le moins inappropriée de la deuxième guerre du Golfe, et tout cela nous amène peu ou prou à ces dix années qu’on vient de vivre et qui sont une véritable catastrophe dans tous les domaines : écologique, économique et politique. Depuis dix ans la raison ne gouverne certainement plus le monde, et c’est comme si toutes les digues sautaient… Chacun donne libre court à des pulsions jusque-là plus ou moins contenues, dit et surtout fait ce qu’il lui passe par la tête, ce qui pose problème quand il s’agit de dirigeants… C’est comme si le « politiquement correct » des années 2000 avait débouché sur une période totalement désinhibée, où se libèrent tant de passions tristes. On a eu le droit dans cette décennie à l’avènement de Daesh, aux élections de Trump et de Bolsonaro, au Brexit, à la fuite en avant d’Erdogan, au calvaire des Ouighours, des Tibétains, des Rohingyas ou encore à l’abandon des Kurdes à leur sort, sans parler des Palestiniens. Aux guerres en Syrie et au Yemen. Au thé façon Poutine, à la montée des antagonismes à l’intérieur même de chaque pays. Et à bien d’autres réjouissances pour en arriver à cette gestion erratique et surréaliste de la crise de la Covid-19 dans beaucoup d’endroits.
Le premier single, European Psycho, clin d’œil au livre et au film American Psycho, dépeint les états d’âmes d’un psychopathe qui se sent de plus en plus en phase avec la réalité ; lui qui était plutôt enclin à communiquer avec les extraterrestres… Mais, avec Trump, Erdogan, feu le Mollah Omar et bien d’autres, les extra-terrestres sont parmi nous. Le personnage d’European Psycho se félicite donc de la situation, lui qui accède ainsi à une forme de normalité par défaut, promettant avec gourmandise la guerre pour tous et pour bientôt, ce qu’illustre le clip. Je ne partage évidemment pas son excitation…
Il y a aussi des thèmes un peu plus romantiques sur d’autres titres, puisque l’amour peut naître sur les décombres (rires), mais aussi parce que le romantisme en Bretagne est une tradition bien ancrée au moins depuis Châteaubriant, sans parler du récit arthurien, aventure bretonne s’il en est, et de son adaptation wagnérienne. Dans le registre, il y a ces réflexions sur la jeunesse qui s’enfuit, dans Um Immer Jung Zu Bleiben. Zagreb évoque les repentis des mouvements politiques extrémistes des années de plomb. Utopia est un hymne à l’anarchie et aux communautés resserrées mais solidaires. Une piste envisageable pour se sortir du marasme actuel. Mais il sera plus aisé de donner éventuellement des précisions quand l’album sera sorti.
Etienne a écrit les paroles de la chanson qu’il interprète, Je n’écrirai plus si souvent, en hommage à Philippe, et c’est un texte magnifique. Simon a coécrit certains des textes en anglais, et il signe un texte en flamand évoquant le règne africain mortifère du roi des Belges Léopold II.
Le crowdfunding a été un succès, les fans ont répondu présent (on a vu l’engouement suscité par la reformation, les concerts à guichets fermés, …), est-ce qu’il y a une crainte de décevoir ?
Oui, l’opération de crowdfunding a été un vrai succès, et elle était nécessaire parce que cet album cumule un nombre de jours de studio et un nombre d’invités hors normes : on dirait un disque de rock produit avant le premier choc pétrolier (rires) … L’opération a eu également une vertu pédagogique en donnant du temps pour expliquer ce qu’était Marquis. Elle a permis de ressouder autour du projet une partie de la communauté qui suivait Marquis de Sade depuis longtemps.
Les premiers échos qui nous reviennent des écoutes de l’album nous permettent d’imaginer que, même si certaines personnes pourront être déçues de ne pas découvrir un troisième album de Marquis de Sade, Aurora entraînera de nouvelles adhésions. Philippe était irremplaçable, mais Marquis ouvre d’autres pistes, tout en rendant hommage à ce que nous avons vécu ensemble avec Marquis de Sade, dans la musique et en dehors.

© Ray Flex
J’imagine que prendre la décision de continuer n’a pas dû être simple, qu’est-ce qui vous a décidé à poursuivre ? Et pourquoi sous cette forme ? Le choix du chanteur a quand même dû être un casse-tête…
D’une certaine manière nous n’avons pas eu le choix. Au moment où Philippe a disparu, nous totalisions déjà, entre la Bretagne et New-York, près d’une trentaine de jours de studio, et certains playbacks étaient très aboutis. Il était impossible pour Éric, Thierry et moi de mettre tout ça de côté, pas plus qu’il n’était question de continuer sous le nom de Marquis de Sade avec un autre chanteur. Au décès de Philippe a succédé un moment de sidération. Il y avait ces deux titres qu’il a chantés, mais nous ne savions pas alors comment on pouvait donner une suite cohérente à ce qui était en premier lieu une tragédie humaine.
En échangeant avec les proches de Philippe, on s’est dit qu’inviter plusieurs chanteurs ou chanteuses pour lui rendre hommage était une bonne idée, mais le projet s’est révélé très compliqué à mettre au point. Et puis, alors qu’on évoquait la situation lors d’une session de claviers à Bruxelles chez Dan Lacksman, au Synsound Studio, Ad Cominotto, claviériste ayant joué avec Arno et Bashung entre autres, nous a parlé d’un jeune chanteur flamand, Simon Mahieu, qu’il disait être très doué et par ailleurs passionné de post punk.
Les premiers essais avec Simon nous ont convaincu qu’on pouvait amorcer avec lui un nouveau départ, et de fait nous avons préféré lier la sortie des chansons nouvelles interprétées par Philippe à une éventuelle sortie d’une intégrale Marquis de Sade fin 2021. Nous avons gardé quelques invités prévus en lead vocal sur certains titres alors que le projet était encore celui d’un strict hommage, parce que cela faisait sens. Et nous avons définitivement opté pour l’appellation Marquis.
Vous avez donc pu bouger un peu malgré un monde partiellement confiné ?
Les prises américaines ont été faites en 2019, et les premières prises avec Simon ont eu lieu en Belgique en janvier 2020. Le nouveau projet était donc sur les rails avant le blackout dû à la Covid. Ensuite nous avons beaucoup travaillé en Bretagne qui a été peu touchée. Quelques-uns des déplacements entre la Belgique et la France ont été rendus un peu plus difficiles ensuite du fait de la crise sanitaire, mais au final cela aura eu peu d’impact sur ce disque.
Richard Lloyd, Daho, Dargelos, James Chance : vous avez réuni un sacré casting. Tu avais déjà fait ça sur les albums de Republik, pourquoi faire venir tous ces artistes ? Comment ça s’est passé ? A distance ?
En lien avec nos influences au début de Marquis de Sade, le choix des invités américains s’est fait de manière assez naturelle. Je suis ami avec Ivan Julian depuis plusieurs années et il a un studio d’enregistrement à New York, c’est donc ce lieu, Super Girafe Sound Studio, à Brooklyn, qui a servi de base à la partie new-yorkaise de l’album. Inviter à nouveau Ivan ou James Chance représente d’abord un formidable apport car ce sont des musiciens exceptionnels. C’est aussi une manière de jouer avec la courbe du temps car j’ai passé, adolescent, quelques étés à New-York et ce sont des musiciens que j’ai souvent vu jouer dans les clubs mythiques qu’étaient le Max’s ou le CBGB à l’époque. Pour Richard Lloyd, c’était plus compliqué car il vit en Alabama maintenant, mais Tina Weymouth, qui est aussi une amie et qui a joué avec Chris Frantz sur un titre de Republik, a fait la liaison avec lui.
Mais ce passage par New-York n’est définitivement pas une opération de name-dropping teintée de nostalgie… Quand on écoute les guitares d’Ivan sur, entre autres titres, Soulève l’horizon, Brand New World ou la reprise d’Ocean, ou encore Richard Lloyd sur Um Immer Jung Zu Bleiben, il est clair que personne n’aurait pu jouer ça comme ils le font. En dehors d’être des virtuoses, il y a cette authenticité dans leur démarche qui enrichit profondément le disque. Ces mecs ne trichent jamais quand ils jouent, ils s’engagent à fond. D’ailleurs le making of de l’album, un film qui sortira avant l’été 2021, montrera certaines de ces sessions emblématiques. James Chance est lui aussi au top sur Brand New World.
Ce qui compte énormément également, c’est ce que nous ont apporté Dominic Sonic, Etienne Daho, Dirk Polak, Marina Keltchewski et Christian Dargelos en venant chanter sur Aurora. Et Simon est très heureux de faire ses premières armes dans Marquis aux côtés de tels artistes.
Il n’y a eu aucune prise faite à distance sinon pour Dirk Polak et Etienne, qui ont enregistré leurs voix depuis Amsterdam et Paris. Pour le reste, il s’est agi d’incessants voyages avec des disques durs dans les valises dans un triangle New York, Saint-Jean-du-Doigt, Bruxelles… Nous avions besoin Éric, Thierry et moi de rencontrer nos invités physiquement.
Aurora conte au final une histoire de famille, une famille de l’Atlantique qui a tissé des liens depuis les ports de New-York, Anvers, Amsterdam et du Diben ! (Le port qui jouxte Saint-Jean-du-Doigt NDLR).







Si les concerts existent encore dans 6 mois, une tournée est-elle prévue pour soutenir l’album ? Quand et avec qui sur scène ?
Nous imaginons bien sûr tourner après la sortie du disque, et c’est d’ailleurs le tourneur qui officiait pour Marquis de Sade, Laurent Castanié, qui est à la manœuvre. Inutile de dire que nous avons hâte, et d’ailleurs cela va commencer par les Transmusicales le 2 décembre, ce qui est une opportunité formidable pour un premier concert, à Rennes qui plus est.
On sait que l’on sera attendus au tournant, mais c’est pour relever ce genre de challenge que nous faisons de la musique et que nous n’avons pas fini nos études (rires) … La crise de la Covid ne sera pas éternelle, et peut-être qu’on pourra jouer en mars et avril, où des dates se profilent déjà, sinon ce sera un peu plus tard.
Pour ce qui est de la composition du groupe sur scène, Simon a invité Kobe Dupont, un de ses amis anversois, à la deuxième guitare. Kobe a joué sur le disque et a fait des étincelles… Là, la Covid pourrait avoir une incidence au moment de décider où répéter pour les Trans, mais c’est la contrepartie au fait d’être devenu un véritable groupe européen… Il n’y aura pas de clavier pour l’instant sur scène, mais Daniel Paboeuf nous rejoindra sur certains concerts.
Tu as de multiples activités, mais comment vis-tu l’impact de la crise actuelle sur l’industrie musicale ? Comment vois-tu la suite ?
Encore une fois, la gestion qui a été faite de cette crise a pénalisé certains domaines, parmi lesquels les activités artistiques, de manière totalement déloyale, tout ça parce que le système de santé est sous-dimensionné et qu’on préfère entasser les gens dans les RER plutôt que de les installer dans une salle de concert.
Il faut tenter de repartir de l’avant, surtout ne pas se laisser abattre, ni endormir, tout en restant vigilants par rapport à cette maladie qui n’est pas anodine. Je ne sais pas comment tout cela peut évoluer, je me souviens seulement que lorsque le message punk du No Future se répandait dans notre jeunesse, le monde était relativement stable, la banquise était encore suffisamment gelée, et les études menaient presque à coup sûr à un emploi. Les punks étaient visionnaires, No Future c’est maintenant. Malgré ce que m’a appris la pratique de la politique (cette analyse des situations supposée déboucher sur des propositions nouvelles et aussi pragmatiques que possible), j’aurais plutôt tendance à me fier à mon instinct plutôt qu’à un cadre institutionnel pour les années à venir…
Et la suite de Marquis c’est quoi ? Vous projetez déjà sur un autre disque ?
Bien sûr. On s’est d’ailleurs dit tous les quatre qu’il ne fallait pas attendre pour composer l’album suivant, d’abord parce que cela permettra de tester des nouveaux titres sur scène et que c’est toujours une bonne chose. Enfin, si Aurora nous semble abouti et riche, c’est aussi parce qu’on a mis beaucoup de temps à l’enregistrer. Au-delà des tragédies vécues, nous avons toujours refait les prises quand cela ne nous plaisait pas. Pour la production d’un album, le temps est d’or. De fait, si l’on veut sortir un second album pour Noël 2022 par exemple, il faudra commencer les prises à l’été prochain.
Peux-tu nous dire également quelques mots du coffret Marquis de Sade prévu pour fin 2021 ? Sous quelle forme ? Des surprises à attendre pour les fans ?
Il s’agirait d’une intégrale augmentée d’inédits. Nous avons retrouvé récemment les bandes d’inédits de la première période du groupe, et des démos de Rue de Siam très intéressantes. Il y a de quoi faire. Et il y a bien sûr ces deux titres enregistrés par Philippe entre fin 2018 et début 2019, qui sont très beaux. On aimerait sortir cette compilation fin 2021, mais nous butons pour l’instant sur le fait que nous ne trouvons pas les masters analogiques des deux premiers albums. Ce qui veut dire que les vinyles réédités depuis une trentaine d’années ont été fabriqués à partir de DAT ou des CD, ce qui est une hérésie. Puisque la réédition aura lieu en vinyle, on doit au moins aux fans de Marquis de Sade, de retrouver les sources analogiques originales. Mais certains labels ont fait tellement n’importe quoi avec les masters à l’époque que cela va être un long travail. Mais nous avons l’expérience pour y parvenir… et de la volonté à revendre !
Merci Frank !
Interview Matthieu Dufour
Page Facebook du groupe Marquis
Artwork du maxi vinyl de Marquis, sortie vendredi 23 octobre.
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