Festival La Souterraine – STRN FEST – Jour 3 – Sourdure, Le Bâtiment, Chevalrex, Arlt.

DSCF8986 Mise à jour du 29 janvier. Voici les captations des deux concerts que j’ai ratés Sourdure et Le Bâtiment, ainsi qu’un commentaire de Benjamin Caschera, l’un des organisateurs du Festival, sur la première partie de cette troisième et dernière soirée : « C’était la première fois que je voyais Le Bâtiment et Sourdure en concert. J’ai été touché par l’énergie du premier (Jean-Baptiste Haumesser) qui allait et venait comme un cougar en cage. L’ingéniosité du spectacle du second (Ernest Bergez), étrange et malin, m’a vraiment épatée ».




Il y a une semaine se terminait la première édition du Festival La Souterraine. Sur les quatre artistes, groupes programmés ce dimanche je n’ai pu voir qu’une partie de Chevalrex et Arlt. Mais j’imagine que Sourdure et Le Bâtiment repasseront un de ces jours par le sous-sol de l’Olympic Café (d’ailleurs si quelqu’un veut raconter qu’il se fasse connaitre !). Quoiqu’il en soit, un superbe bouquet final et en douceur pour ces deux derniers concerts, et dans l’ensemble une vraie réussite pour cette première avec une programmation éclectique à l’image des compilations, assurant aux spectateurs présents des émotions contrastées mais toujours intenses, et brossant un tableau passionnant de la chanson française contemporaine. J’avais quitté Chevalrex en guitariste sur ressort du Mocke Trio (voir : STRN FEST – Jour 1), le voilà seul en scène, à poil avec ses miniatures si touchantes et si généreuses en même temps. Je l’avais quitté rivalisant d’agilité électrique avec son compère Mocke, le voilà seul en scène  avec son univers qui brasse tant d’influences que l’on croit à chaque fois apercevoir une ombre tutélaire sur les murs de l’Olympic Café (artistes Lithium, François de Roubaix, …) pour finalement réaliser que c’est bien son ombre à lui qui est là, singulière, projetée, multiple. Le voilà donc seul en scène avec à la fois son indéniable talent mélodique et son goût pour un bricolage minimaliste, son assurance teintée de fragilité et sa douceur charismatique, bref le genre d’artiste qui me touche déjà sur disque mais auquel je ne peux pas résister sur scène quand dans sa voix surgissent les ombres furtives de quelques failles. J’ai beau avoir pris le set au milieu, il ne m’a fallu que quelques secondes pour qu’il m’embarque. Idéal pour oublier que le lendemain il y avait école…

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Autre genre de sortilège avec Arlt. Des alchimistes à l’ancienne, un duo d’ensorceleurs délicats et raffinés auxquels leur complice Mocke est venu prêter main douce pour un concert d’une incroyable a-temporalité. Tout s’est suspendu dans cette cave l’espace de quelques chansons, nous étions comme une poignée de cathares infidèles venus boire en cachette les paroles de vie d’Éloïse Decazes et Sing Sing, un couple de chamanes qui à la nuit tombée passe de village en village pour jouer ce rock – folk – blues un peu brut, distiller leur élixir musical vaudou et réveiller le coeur et la chair des gens avec leur poésie païenne. Ces dissidents hérétiques qui malaxent la langue française, la polissent, la lustrent pour mieux l’entailler et en faire jaillir ses mille et unes nuances, ces troubadours modernes qui jettent des mots les uns contre les autres pour interroger le verbe, celui que l’on utilise trop souvent par habitude, par paresse. Ils sont ces grands enfants qui, pour mieux se préserver d’adultes ternes, sculptent dans leur coin une parole singulière à coup de formules qui jaillissent de l’ombre comme des rafales et de métaphores vénéneuses. Arlt, c’est cet univers, ce bestiaire, cette caravane de carnaval qui s’arrête sur les places de nos âmes exténuées et de nos coeurs blasés pour dire son étonnement devant le spectacle du monde. Ajoutez à tout cela un truc qui ne s’achète pas sur internet, l’aura, cette présence en équilibre, le chant parfois mystique, et là, dans cette cave, en ce dimanche soir qui n’est plus la fin d’un banal week-end mais une faille temporelle, vous avez un public sous le charme (au sens propre), le sourire accroché aux lèvres à l’écoute de ces comptines affutées, de ces histoires d’amour, de mort, de chairs, d’animaux, de cette folie de vivre, de ce que l’on ne voit plus sous des couches de superflu, d’inutile et qui est pourtant d’une étonnante beauté, de cette beauté crue qui vous agrippe les organes, la peau et vous fait sentir vivant. Sérieux, c’était beau, émouvant et prenant. Vivement Deableries

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Bravo et merci à La Souterraine : on reviendra.

Le jour 2 est à retrouver ici : STRN FEST – Jours 2.

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