Actu – La Souterraine en pleine lumière.
A l’heure où certains geignards continuent à se lamenter sur l’état d’une industrie musicale qu’ils ont pourtant largement contribué à napalmiser, comme d’autres (parfois les mêmes) se plaignent de la jeunesse feignante, inculte et malpolie de notre pays, de l’orthographe qui n’est plus ce qu’elle était, regrettant le temps d’avant qui était tellement mieux, quand les enfants laissaient leur place aux vieilles dans le bus, d’autres avancent, font bouger les lignes, inventent, imaginent, tracent leur route comme si de rien n’était. Ou au contraire. Tout à fait conscients, extrêmement au fait des évolutions récentes, des nouveaux enjeux, ayant digéré les révolutions technologiques, maitrisant les nouveaux outils, et dotés d’une intuition sévère, ils achèvent de tourner la page d’un monde figé avec l’insolence de la jeunesse lucide réinventant au passage un (anti ?)marketing vertueux (si si ça existe) : celui qui passe par l’innovation, la transparence, l’agilité et la qualité. Contournant, passant dessous, dessus, à côté des habitudes confites et satisfaites des institutions traditionnelles qui comme dans tant d’autres industries n’ont rien vu venir, rien senti, ces pionniers, ces chercheurs, ces curieux, ces passionnés, ces optimistes, creusent, dénichent, écrivent, font monter sur scène, programment dans leurs émissions de radio, bref essayent de rendre compte de la formidable énergie, de l’exceptionnelle créativité, de la richesse et de la profusion de la scène musicale actuelle. Notamment en France.
Benjamin Caschera et Laurent Bajon de La Souterraine font partie de ces infatigables promoteurs de la création dite underground. Armés d’un nom largement explicite, d’une ligne directrice forte mais aussi à géométrie variable, d’une envie indéniable et d’une certaine hyperactivité, ils sont pour moi une inépuisable source de plaisir, de découvertes et d’inspiration (en plus d’être les garants d’une vie de famille à peu près normale en m’épargnant d’écumer Bandcamp et les autres mines de la toile toutes les nuits à la recherche de nouveaux filons). Ce qui est intéressant concernant le nouveau périmètre de cette chanson émergente francophone, c’est que la Souterraine arrive à la fois à rendre compte de la quantité, de la diversité des artistes, des genres, des tendances, des influences tout en maintenant une exigence qualité et en donnant à l’ensemble une cohérence. Générant par la même occasion, une communauté de talents dont les parcours se croisent sur scène ou dans des collaborations musicales. Je vous renvoie au bon papier de Slate pour comprendre leur démarche, leur modèle (La Souterraine, le nouveau modèle de la chanson française ?), mais leur triple actualité était l’occasion de saluer leur travail de défrichage.
A commencer par la 5ème compilation de chanson française underground qui vient de sortir. C’est encore impeccable, voire euphorisant avec de vrais petits joyaux comme d’habitude (de façon subjective : Requin Chagrin, Medhi Zannad, Maud Octallinn ou encore un inédit du trop rare Silvain Vanot).
Juste avant Noël, les quatre premiers volumes ont été regroupés dans un coffret CD, une « anthologie souterraine« , permettant de se rendre compte du chemin parcouru en à peine un an. Avec un sacré casting à l’affiche (La Féline, Laetitia Sadier, Arlt, Mocke, Rémi Parson, Ricky Hollywood, Pain Noir, Julien Gasc, Chevalrex, Aquaserge, Noir Boy George, Orso Jesenska, Baptiste Walker Hamon, etc. etc.) dont certains noms ont déjà dépassé les frontières de l’underground. Pas un hasard si même la presse musicale traditionnelle salue ce travail.
Enfin la semaine prochaine, ne reculant devant rien, ils n’hésiteront pas à lancer leur propre festival. Dix groupes et trois soirs de concerts à l’Olympic Café que les habitués des fêtes souterraines connaissent bien. Sous terre comme il se doit, quelques piliers de cette belle aventure (Aquaserge, Arlt, Chevalrex, Mocke, …) viendront jouer en live pour un public qui dans quelques années pourra dire « j’y étais »… D’autres le feront certainement sans y avoir été d’ailleurs.
Il est évidemment vain et parfois pas très malin de vouloir comparer les époques et les phénomènes, mais de même que des générations ont été musicalement biberonnées au Frenchy But Chic de Jean-Éric Perrin dans Rock&Folk ou éduquées sur les ondes par la programmation d’un Bernard Lenoir, il est bien probable que La Souterraine devienne une de ces références à l’évocation de laquelle ceux qui savent sourient d’un air entendu et réjoui. D’ici là, rendez-vous du 16 au 18 janvier pour le STRN FEST…
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