MNNQNS, élixir de jeunesse.

Après des mois à écouter de la musique composée sous lexomil, du folk auvergnat neurasthénique ou de pâles imitations d’électro-pop underground (n’y voyez là aucune critique, j’aime beaucoup l’Auvergne et les anxiolytiques, c’est juste un constat), la sortie du EP de MNNQNS est pour moi une véritable bouffée d’air vicié et un gros kif. Arrivé dans ma boîte en même temps que le punk open bar de Kamarad ou encore le dernier titre sur-vitaminé de Spitzer, Capital sonne le réveil de mes neurones et de mes oreilles. Il était temps de chausser à nouveau des boots avachies, d’enfiler une parka customisée et de filer boire des bières dans un rade douteux. Et si on pouvait se chauffer et se frotter un peu sur les docks à la nuit tombée, la soirée serait une belle réussite. Or ces derniers temps, à part le rock sombre et sale de Summer ou quelques beaux éclairs aux accents glacés du côté de Lyon (E.A.S.T., Rank, Mensch, Tisiphone, …), les occasions étaient plutôt rares. A l’image d’une société engourdie, enfoncée dans sa dépression, la production récente a souvent mis l’accent sur le repli. Les quatre rouennais sonnent la contre-attaque.

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Avec sa belle gueule, sa tête bien faite et l’audace de ses 22 printemps, Adrian, chanteur de MNNQNS a tout pour devenir la nouvelle star d’un rock français pas toujours vaillant. Car malgré sa jeunesse, MNNQNS propose une musique pleine de maturité, de classe et d’hormones. Dès le premier titre, Come to your senses qui sonne comme un classique, l’efficacité de cette musique pleine de panache et de fougue est évidente. C’est référencé mais contemporain, classique mais singulier, efficace mais exigeant, bref la quadrature du cercle rock. Une cavalcade implacable qui prend tout son sens en live où les quatre garçons livrent un set carré, chaud, imparable. De Television aux Arctic Monkeys, les MNNQS connaissent leurs classiques mais les ont bien digérés. Les pieds sur terre et accessibles, dotés d’une vision esthétique globale et sachant parfaitement où ils veulent aller, ils possèdent ce truc en plus qui les distingue de la simple efficacité. Une sincérité, et une attitude qui leur permettront d’aller loin. Soyez-en certains.

Il sera tentant pour certains de ne voir là qu’un feu de paille, le quart d’heure de gloire d’un groupe de jeunes branleurs en quête de reconnaissance éphémère et voués à disparaitre corps et armes dans le marécage impitoyable du show-bizz à l’image de ces bébés rockers du milieu des années 2000. Mais derrière les mélodies maltraitées, derrière l’aisance, l’envie et l’énergie des concerts, il y a des heures de travail, de réflexion, de répétition et beaucoup de maitrise. Etendard d’une scène rouennaise en plein renouveau (allez jeter un coup d’œil du côté du collectif SOZA), le groupe MNNQNS frappe un grand coup et ne s’arrêtera certainement pas à ce brillant coup d’essai. Vivement la suite.

Capital, élixir de jeunesse.

Morning Glory.


© Matthieu Dufour


 »Dites le fort, sommes jeunes sommes fiers »



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