Rémi Parson – Album 3 – Journal de bord – #1.
Entrée 1 |04/05/2020
J’habite à Paris maintenant. Vendredi, c’était l’anniversaire des deux ans de mon retour en France.
Nous avions chargé D., le vieux chat Oliver et le peu qui restait dans notre appartement de Tufnell Park Road, N7, London, dans la 206 blanche de Bernadette ma mère. Bruno en guise de chauffeur extraordinaire de gentillesse et de patience. J’étais passé le récupérer à Paris, et nous avions taillé la route, pris le tunnel, attendant au passage des plombes sous la tempête, la pluie, le vent (ça fait très paroles de Rahan, l’enfant des âges farouches « Et pourquoi le vent, la pluie ? Pourquoi tous ces grands mystères ? », que je vous recommande d’écouter en lisant ce billet).
Je me souviens – mais pourrait-il en être autrement ? – que c’était un sacré road trip. Glaçage mythique, indélébile, de rigueur.
N-D-A : J’écris tout cela, je name-droppe parce que je n’ai pas eu le temps de le faire depuis longtemps. Que ces mots-là sont pour moi particulièrement tangibles, chargés, et que j’en écris tellement d’autres tous les jours qui ne sont que du waste of space. Une sorte d’effet detox, je suppose.
Pressés comme nous l’étions, clef au contact, nous n’avions eu que quelques minutes pour quitter les lieux. Malhabiles que nous sommes avec tout ça, aussi. Quels rites dans ces cas-là ? 12 ans qui se bouclent en un claquement de porte. Dans un pied de nez typiquement londonien : il avait fait beau tout le long de la descente vers Dover, aucune attente au tunnel, aucun contrôle. Bon débarras, quoi. Typiquement anglais aussi, pas du genre à pleurnicher. On se tape dans le dos. Bam, bam. Mate. Take it easy.
Il s’est passé beaucoup depuis et, en même temps, très peu. En bref, j’ai joué avec Phoenix, c’était bien et j’étais fier. Ça m’a remué, parce qu’ils étaient adorables et libres. Arrière-pays est sorti. J’ai tenté de le défendre au mieux sur scène, avec Bruno et Yohann, juste Yohann et ces temps derniers, seul. C’était bien. Parmi des centaines de vignettes mentales, j’en épingle une ici : le sol brûlant d’un terril de Charleroi, l’été dernier. Pourquoi pas ? On a rêvé d’appartements gigantesques dans le Sud, sans travailler. Mais ça n’existe pas. Alors, Paris. Je ne me plains pas. J’aurais bien aimé. Ah ça ! Mais je suis vite rendu compte que je suis trop vieux pour me laisser atteindre par les blessures que je la croyais désireuse et capable de m’infliger.
Je commence ce journal plus tard dans le processus que le précédent. J’ai déjà peut-être 7 ou 8 pistes très solides et par conséquent un album qui existe assez clairement. D’où ma pirouette habituelle qui consiste à noyer le poisson. Mais promis, je parlerai d’autres choses cette fois-ci. Des glissements de tangram pour assembler, agencer le tout. Je suis excité parce que les chansons sont belles et m’émeuvent. Inquiet parce qu’on rêve tous stupidement de cet album qui change la donne, d’être là où ne nous attend pas, ce qui veut souvent dire être là où on s’attendait à ne pas nous attendre. Vous en êtes donc pour des putains de phrases alambiquées. (Rire démoniaque). I am back.
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