Bill Pritchard & Pete Astor – Le Petit Bain.
Bill et Pete à Paris.
Un soir de septembre sur Seine.
La rentrée et son cortège de nuages amoncelés au loin.
La rentrée et sa myriade d’espoirs chuchotés ici bas.
Le Brexit paraît n’avoir été qu’une mauvaise blague.
Etoiles au scintillement discret mais éternel.
Un samedi soir sur le fleuve.
Des berges ensoleillées, des barges lestées et les remous de la Seine.
Samedi 3 septembre, Pete Astor et Bill Pritchard enfin réunis après une première tentative avortée pour cause de crue printanière.
Samedi 3 septembre. 18 heures et quelques minutes.
La terrasse du Petit Bain (qui s’affirme jour après jour comme l’une des toutes meilleures salles de Paris : programmation, son, salle, cadre, …) accueillait à coup de pintes fraiches et de Mojitos bien tassés une foule hétéroclite : alors que quelques touristes rougis par la violence de cet été tardif s’hydrataient gaiement, on pouvait croiser pêle-mêle une partie de la potentielle future équipe du Magic nouvelle formule, ou encore Matthieu Malon (fan absolu du londonien et de ses différents groupes) qui avait fait l’aller-retour pour l’occasion. Un membre du groupe La Rive (l’autre étant probablement enfermé en studio pour finaliser le prochain album) discutait avec le célèbre graphiste Pascal Blua que l’on apercevait quelques minutes plus tard en compagnie du brillant Marc Morvan. Un peu plus loin, le chanteur de Summer et la tête dansante des excellents ichliebelove échangeaient sur les qualités du récent EP des new-yorkais de Sandy. Bref, la soirée s’annonçait bien.
Samedi 3 septembre, Pete Astor et Bill Pritchard enfin réunis.
Quelques instants plus tard dans la fraicheur des entrailles du Petit-Bain.
Une foule clairsemée mais attentive se laissait aller à une nonchalance légèrement nostalgique dès les premières notes du plus français des chanteurs britanniques. Avec la décontraction et la naturel qui caractérisent les artisans sûrs de d’avoir bien œuvré, Bill Pritchard enchaine tubes anciens et titres récents, et l’espace d’un moment suspendu fait planer l’ombre du regretté Daniel Darc dans la salle parcourue, me semble-t-il, par un léger frisson. J’ai beau avoir zappé une partie de sa récente discographie, j’ai parfois du mal à faire le tri tant l’ensemble est cohérent et fluide. La voix est intacte, le charme opère comme avec ces vieux compagnons de route, ces amis de toujours que l’on ne voit pas assez souvent mais que l’on a l’impression d’avoir quitté la veille.
Pete Astor lui aussi semble avoir toujours été là. Depuis des décennies ses compositions précises, incisives, ses chansons à la beauté à la fois classique et singulière nous accompagnent. Il y a toujours un de ses titres, un refrain, une parole, une ritournelle qui traine, là sur une étagère, dans un recoin de la maison. Savoir se faire du bien avec du beau. Le voilà en chair et en os. Avec son visage familier, étrange mash-up de David Bowie et de Samuel Beckett, et cette prestance naturelle. Accompagné d’une formation largement à la hauteur, et sous le patronage monochrome du Velvet, l’artiste enchaine lui aussi, avec talent et simplicité, vieilleries à la beauté intangible et extraits de son dernier album. C’est souvent de la plus grande simplicité que nait la plus pure des beautés. Le temps se fige et file à la fois. Implacable. Un goût de trop peu saisit le public quand les dernières notes de Why does the rain retentissent. Mais savoir finir, c’est aussi ça le talent.
La sobriété, la concision, l’épure, ça se travaille.
L’élégance, la classe, l’humilité, ça ne s’achète pas.
Samedi 3 septembre.
Le Petit Bain.
Bill Pritchard et Pete Astor, quelques bières, des amis.
Magnifique soirée.
© Matthieu Dufour