Étienne Daho – D’amour et de musique depuis 1981.



Si le business des rééditions de vinyles et autres CD anniversaires a souvent tendance à m’interroger, il possède parfois de belles vertus : (re)donner à un artiste la place qui lui revient et inciter les nouvelles générations à se pencher sur son oeuvre. A fortiori quand cet artiste est toujours en (sur)activité, engagé corps et art, investi coeur et âme dans une passion communicative pour la musique.

1981, l’OVNI Mythomane (réédité en vinyle rouge) dynamite joyeusement les formats auto-imposés d’une chanson française recroquevillée sur quelques vieilles habitudes. Avec un single en forme de manifeste, Il ne dira pas (réédité avec 3 remixes inédit, dont celui des Moïse Turizer vus en première partie de l’Eden Daho Tour à Pleyel). 1991, le succès interplanétaire de Paris Ailleurs, grand pourvoyeur de tubes platinés (réédité en vinyle vert). 2011, tournée du Condamné à Mort avec la fabuleuse Jeanne Moreau (réédité en différents formats CD et DVD). L’audace insolente et insouciante de la jeunesse, des hits mythiques et imparables, de la poésie crue et sulfureuse. Un mélange unique.

40 ans déjà. 30 ans déjà. 10 ans déjà.

Quatre décennies d’un amour fou pour la musique, de la musique comme art de vivre, comme une respiration, de la musique comme seule issue, seule réponse, comme unique façon de vivre. Quatre décennies de bienveillance et d’amour partagé avec un public qui a fait siens les hymnes du chanteur et qui répond présent à chaque nouvelle tournée. Quatre décennies d’un artiste qui a su tracer sa voie sans transiger dans un monde pas vraiment réputé pour son indulgence. Quatre décennies d’un interprète qui a su faire d’une voix parfois moquée un marqueur, une empreinte vocale infalsifiable, un lien entre lui et nous. Quatre décennies d’un homme qui a défié la rumeur et la mort pour revenir à chaque fois tel un sphynx invincible, plus vaillant que jamais, paré des atours d’une jeunesse éternelle.

Un parcours singulier récompensé par la grande médaille de la chanson française remise par l’Académie Française le 3 décembre dernier. Un parcours enluminé en 2020 par Surf, un magnifique album de reprises, hommage à son enfance, à ses influences, à son éclectisme. Un parcours éclairé par le Dahovision(s) de Sébastien Monnod, qui a passé à la moulinette les disques, les pochettes, les clips et autres interviews d’Étienne Daho pour en ressortir les multiples références artistiques.

Un parcours loin d’être terminé, tant Daho semble plus que créatif et enthousiaste que jamais. Embarqué en permanence dans des collaborations qu’il illumine de sa présence (avec ses idoles de jeunesse – Jane Birkin, Marquis – ou ses ‘héritiers’ comme Malik Djoudi), il annonce (enfin) un prochain album (espéré pour 2022) et vient de sortir un EP de 5 remixes de Virus X, tube extrait de l’excellent album d’Italoconnection.

Aucune nostalgie passéiste donc dans ces célébrations. Un bref arrêt sur image pour mieux repartir à la conquête de nouveaux territoires, de nouvelles découvertes, de nouveaux fans.

Nul doute que le meilleur reste à venir.

Chapeau Daho.


© Matthieu Dufour


Étienne Daho – Anti-playlist.

Interview – Étienne Daho.

L’homme qui marche – Étienne Daho (Best of).

Étienne Daho – Liner Notes Surf.