Live Report – 49 Swimming Pools – L’Européen (21 mai 2015).

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J’avoue ne plus chercher à comprendre. Pourquoi tant de concerts à l’intérêt douteux tous les soirs à Paris. Pourquoi des groupes n’ayant que deux titres à leur répertoire se succèdent devant une salle à moitié vide en mode abattage pour célébrer la sortie d’un EP digital. Pourquoi le sous-sol de l’Olympic Café ne fait pas le plein pour voir la performance chair-de-poule de Facteurs Chevaux ou le retour du grand Silvain Vanot. Pourquoi des artistes qui comptent sont obligés de jouer dans des médiathèque ou des librairies (au mieux) ou dans des pizzérias. Pourquoi les 49 Swimming Pools n’ont pas de tourneur. Pourquoi ils ne remplissent pas l’Européen. Bref. Revenons plutôt sur cette magnifique soirée avec en ouverture un très joli moment : Pagan Poetry (lire : Live Report – Pagan Poetry). Par les temps qui courent, à une époque où le cynisme règne en maitre, qu’ils font du bien le sourire bienveillant et la musique ensorcelante de Nathalie Réaux.

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Changement de registre musical avec des 49 Swimming Pools particulièrement en forme. Il y a bien un point commun, un trait d’union évident avec la première partie : le plaisir, le partage, l’envie. On ne va pas se mentir, plus ça va plus j’aime ce groupe, leur musique, leurs valeurs, leur joie partagée. Leurs albums sont de plus en plus réussis et leurs prestations live de plus en plus emballantes. Jouant avec un répertoire qui commence à être copieux avec pourtant moins de 10 ans affichés au compteur, Emmanuel Tellier et sa bande (Étienne Dutin, Fabien Tessier et Samuel Léger) avancent sans (trop) se soucier de ces histoires de tourneurs, d’industrie musicale à l’envers (relire à ce sujet : Interview Emmanuel Tellier). Ils tracent leur route à l’envie, poursuivant leur quête de la chanson pop parfaite, continuant leur travail à la manière d’artisans inspirés, guidés le plaisir et par une certaine idée de la musique. Sur scène, et pendant près d’une heure et demi, les 49 Swimming Pools enchainent leurs morceaux avec une aisance qui semble innée et un plaisir communicatif. Alternant douceurs et frissons (Shiver Shiver toujours magique), pop songs euphoriques et titres maltraités pour leur donner un côté plus brut, presque rock (ce n’est pas un gros mot), le quatuor n’a aucun mal à embarquer le public dans son trip. The Bright Light, A Notebook At Random, Diego, The Driver, … sont portées par une salle acquise et visiblement habituée. Cette poignée de fans qui sont aussi le carburant d’un groupe attachant au-delà de leur talent. Fidèle à son habitude Emmanuel Tellier ponctue quelques titres de plaisanteries qui sont attribuées à Étienne Dutin lorsqu’elles n’obtiennent qu’un demi-succès. Quelques moments de poésie nostalgique également à l’évocation de grandes figures ou de loosers magnifiques des paradis perdus de la pop qui ont trainé leurs guêtres sur cette scène d’un seul coup mythique. Le temps passe vite, file, toute la salle a la banane, les regards et les sourires entendus se croisent, les mains se serrent, les corps vibrent. J’aimerais que le temps se suspende l’espace d’un titre, d’une émotion. La reprise classieuse du Da Ya Think I’m Sexy de Rod Stewart clôt en beauté une soirée enthousiasmante. Les sourires lumineux des proches, des fidèles, des nouveaux venus dans le hall de l’Européen en disent long sur le plaisir qui a régné dans la salle. Et là je me souviens qu’ils n’ont pas de tourneur et sincèrement, je comprends encore moins.

Matthieu Dufour



Chronique de l’album des 49 Swimming PoolsLive Report Interview Emmanuel Tellier 


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