Chronique – Nesles – Nu (EP).
Qu’ont donc en commun (au-delà du talent, d’une chronique ou d’un live-report sur ce blog) Pauline Drand, Watine, Facteurs Chevaux, Pagan Poetry, Fantôme, Maud Octallinn, Orso Jesenska, Midget, … ? La réponse est : Nesles. Il les a tous conviés à partager l’affiche de l’une de ses cartes blanches au Connétable, cycle de soirées organisées dans la cave de cet établissement du Marais. Je me dois donc de réparer cette injustice et de rattraper mon conséquent retard sur ce coup-là (EP reçu il y a plus d’un an…). Après avoir rendu un hommage sincère et admiratif à cet activiste infatigable qui s’efforce comme tant d’autres à réinventer la musique dans sa façon d’exister, de voyage, de rencontrer, et de toucher le public en investissant de nouveaux lieux, en invitant et en compilant d’autres artistes (Walden #1), louons aussi maintenant les qualités d’un artistes exigeant et talentueux.
De l’exigence il en faut pour continuer à avancer à son rythme sans se vendre, continuer à pratiquer son art avec passion et force, concevoir une forme de chanson française entre pop et folk qui ne sombre pas dans la théâtralité outrageuse ou le lyrisme dégoulinant. Il en faut encore pour ne pas céder à la facilité que certains dons naturels et une jolie voix pourraient favoriser. Du talent il en faut pour arriver à créer un territoire singulier en cinq chansons, sobres mais pleines de richesses voilées, brutes mais savamment construites, enlevées mais touchantes. A la façon d’un griot moderne, avec sa voix chaude et complice, Nesles conte autant qu’il chante, des histoires tantôt bucoliques, oniriques ou plus intimistes. Il n’impose rien mais s’impose naturellement dans chaque composition, avec la simplicité de l’évidence. Celle de ceux qui n’ont pas besoin de montrer leurs muscles pour gagner notre cœur, celle de ceux qui n’ont pas besoin de se faire remarquer pour être remarquable. Généreux, authentique, intelligent, avec juste ce qu’il faut d’impertinence, il sème dans nos têtes les graines de mélodies élégantes qui germent immédiatement et s’enroulent peu à peu autour de nos pensées quotidiennes. La lucidité des âmes clairvoyantes peut parfois être un fardeau, le terreau d’un monde sombre et désespéré. Rien de tout cela chez Nesles. Maitrisant sa lucidité avec finesse, partisan d’un onirisme décomplexé, Nesles en créé un univers précieux et accueillant où la lumière est toujours présente, qu’elle soit au zénith ou tapie dans l’ombre. Au final, en se livrant tel qu’il est, ce sont nos propres envies, nos propres doutes, nos propres espoirs que Nesle met à nu. Avec ce petit supplément d’âme qui permet au passage de remettre un peu de poésie dans un monde au ralenti. Merci à lui pour tout ce qui précède et tout ce qui ne manquera pas de suivre.
© Matthieu Dufour
Pingback: Mixtape #6. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Le TEP 2015 est arrivé. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Pourquoi j’aime Nesles… (par d’autres que moi). | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Walden – Compilation #2 présentée par Nesles. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Playlist – Nesles. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Soirées Walden – ITW Bertrand Betsch. | Pop, Cultures & Cie
Pingback: Chronique (ou presque) – Nesles – Permafrost. | Pop, Cultures & Cie